Écrire une page en appliquant les phrases suivantes « J'adorais la façon dont elle a dit « ballon », elle disait cela comme si elle gonflait des bulles. » et « Elle l'attendait dans le café de l'aéroport. Il était sobre pour une fois. », plus le terme « la faucheuse », plus la sensation du dégoût.
J’adore la façon dont elle a dit ballon, elle disait cela comme si elle gonflait des bulles. Je me demandais toujours si elle était consciente de la sexualité qu’elle émettait avec sa manière de parler, ses gestes, son comportement en général ; si c’était une chose bien intentionnelle, parce qu’elle se délectait de charmer les gens, les hommes plutôt, autour d’elle, ou si cela lui venait naturellement, parce qu’elle est un ange simplement. Quoi qu’il en soit, je me suis épris d’elle. Je m’éprends si facilement. Mon cœur est léger. Je me châtie puisqu’il l’est. Mais c’est ainsi. Je ne puis résister au charme. La raison reste chez moi à l’arrière-plan. Je m’en fous. On me dit et c’est ce que j’entends, que l’on devrait être plus pensant, sage… ce n’est pas un cliché, c’est bien vrai qu’il serait nécessaire d’avoir recours à l’intellect, au moins de temps en temps, mais dans les questions d’amour je suis innocent, perdu, emporté, vulnérable…
Il était bourré la première fois que je l’ai vu, sans doute, mais il avait quelque chose de captivant dans ses yeux en plus de son extase. Ils étaient… ils étaient pleins de passion, d’enthousiasme, mais reflétaient aussi de la douleur… une douleur émanant d’une, peut-être, trop grande sensibilité que la plupart des hommes cherchent à éradiquer, si les parents, ou la société, ou l’évolution humaine ne l’a pas encore fait. Et lorsque, malgré tout, cette sensibilité persiste, elle devient la source primaire de la beauté masculine. Et il avait cette odeur, non d’un buveur, non, c’était son parfum, un parfum qu’il a si bien choisi, qui allait avec son odeur corporelle et qui, en vérité, m’a ébloui.
Ils se sont rencontrés cette soirée d’été, dans un bar comme les autres, sans spécificité. Cette nuit ils ont fait l’amour, l’amour de la nuit, plein d’ivresse, de joie et de bonheur, ils se sont surchargés les cœurs. Pendant des semaines et ensuite quelques mois, ils vivaient dans un monde de fées de Disney et passaient tout leur temps ensemble. L’homme se croyait sauvé, comme s’il avait oublié tout ce qu’il avait vécu avant : autres amours, déceptions, tracas et consolations… La femme, elle était amoureuse, juste amoureuse, sans trop y penser, elle vivait pour le moment et pour sentir ces sentiments si doux et si caressants.
Mais deus ex machina ou simplement faillibilité humaine, l’homme s’est repenché sur l’alcool et le dé a été lancé pour lui de nouveau et de même et pour la couple aussi. En premier, c’étaient les compliments qui disparaissaient, puis les gestes sont devenus moins doux, l’attention se détériorait, le regard se détournait, la distance corporelle, puis aussi celle entre les deux âmes croissait. Les premiers mots bruts ont quitté la bouche de cet homme – qui il est – et ont frappé, blessé la femme. La prochaine fois qu’ils se sont rencontrés, elle l’attendait dans le café de l’aéroport. Il était sobre pour une fois, mais avait quand même la gueule de bois. Il s’efforçait de bien se tenir et bien se comporter quand même, après tout, ils partaient en vacances avec ses parents à elle et ses amis, mais pour un tel évènement et après ne s’être vus pendant deux semaines ce n’était pas ce qu’elle attendait. Loin de là. Elle a déjà un peu oublié comment ils s’étaient quittés la dernière fois. Franchement, pour la première fois, elle se sentait blasée, brisée et elle ressentait un dégoût, ce que l’expression de son visage laissait clairement apparaître. L’homme, lui, ne se préoccupait que de serrer les mains et de faire des bises, et ensuite, ne restaient que ses instincts.
La faucheuse ne tardait pas, elle est venue, non pas pour couper la file d’une vie cette fois, mais pour rompre un lien, un nœud humain.
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