Écrire une page en appliquant les phrases suivantes : « J'adorais la façon dont elle a dit « ballon », elle disait cela comme si elle gonflait des bulles. » et « Elle l'attendait dans le café de l'aéroport. Il était sobre pour une fois. »
J'adorais la façon dont elle a dit « ballon », elle disait cela comme si elle gonflait des bulles. Et elle disait souvent ce mot-là, car celui-ci était son jouet préféré : « Passe-moi le ballon » « jouons au ballon », « où est mon ballon ? » Comme s’il n’existait des millions de jouets au monde. Mais elle était simple. Elle ne souhaitait jamais de jouets chers, nouveaux, des jeux de sociétés, des poupées avec un petit château... elle ne savait pas que ces choses existaient. Elle passait la journée dans la cour, en jouant au ballon, seule, parfois avec les autres enfants. Le soir, elle se couchait tôt ; elle voulait se lever avant six heures pour regarder le lever du soleil.
C’était un mardi, quand j’ai rencontrée cette fille au couloir du bâtiment. Elle était si petite, si mignonne, avec ses yeux marrons, avec son ballon. Elle était maigre, elle n’avait pas de cheveux. Elle m’a regardé, elle a souri et elle a couru vers la cour. À ce moment-là, elle a volé mon cœur. La veille de ce mardi, j’avais été désespérée, j’avais abandonné l’idée d’avoir un enfant. Mon médecin nous a conseillé de réfléchir à l'adoption. Et un mardi, quand j’ai rencontrée cette fille au couloir du bâtiment, j’ai senti un petit espoir, comme une bulle très fragile. Alors, je venais lui rendre visite le mardi. D’abord, je lui ai acheté des jouets, mais elle ne les voulait pas. On jouait au ballon, on prenait le déjeuner ensemble au centre-ville et le mardi soir, je lisais des contes de fées. Elle les adorait.
Un soir, quand elle s’est endormie dans mes bras, j’ai décidé de l’emmener loin de ce bâtiment. L’orphelinat, où elle habitait, était semblable à une déchetterie : saleté, trace d’excréments partout ; il n’y avait presque jamais de l’eau chaude, et les lits étaient pleins des punaises. Les repas étaient froids et toujours les mêmes : de la baguette sèche au petit-déj, des pâtes au déjeuner et un verre de lait au dîner. Je ne voulais plus que cette enfant abandonnée grandisse dans ces conditions. J’ai posé ma candidature pour l’adopter. La directrice m’a demandé si je voulais vraiment l’adopter, parce qu’elle est malade. Je n’ai pas hésité.
J’ai attendu plus d’un an pour la sauver. J’ai attendu, parce que je voulais une famille. Mais Pierre… Lui, il ne le voulait pas. Au moment où il a entendu que son ex-femme, Jeannette et moi, nous voulons adopter une fille, il ne voulait plus signer les documents du divorce. Enfin, après une éternité de rendez-vous en présence de nos avocats, il était d’accord pour les signaler. Elle l'attendait dans le café de l'aéroport. Il était sobre pour une fois. Pierre et Jeannette ont divorcé là-bas. Et elle en était contente. Soulagée. Et a elle couru avec les documents à l’hôtel de ville pour certifier : nous avions le droit de nous marier et d’adopter la petite fille. Mais c’était trop tard.
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