"Écrire (au plus) une page (A4) en commençant par la formule empruntée à André Breton : "il me fait jouer de mon vivant le rôle d’un fantôme" (dans "Nadja")." (consigne de Jean-Michel Devésa)
Il me fait jouer de mon vivant le rôle d’un fantôme. Il était là. Cette douleur fantôme que seuls ceux qui ont un souci de santé peuvent ressentir. Il grandissait à l’intérieur de moi. Peu de personnes de l’entourage peuvent compatir, ils peuvent avoir de l’empathie mais pas ressentir ce que cette maladie peut faire subir. Il arrive comme ça, sans qu’on lui ait demandé de venir, sans invitation. On n’entre pas en fracassant la porte, c’est ce qu’aurait dit mon directeur. C’est comme un ami, qu’on ne supporte plus, qui vient squatter chez vous car il a été invité (ou plutôt poussé) à partir de chez lui. Sauf que contrairement à l’ami, ce monstre reste jusqu’à la fin pour vous emporter avec lui. Ce surnom, le monstre, lui va bien. Car après vous avoir emporté avec lui et ainsi ne plus vous retrouver dans ce monde, il revient voir d’autres personnes, que vous connaissez ou non, et il refait la même chose.
C’est telle une personne en qui vous tombez amoureuse, il change votre vie à tout jamais, sauf que cet enleveur d’âme, vous ne l’aimez pas, vous le maudissez. A l’instar de votre amoureux, il est là, tous les jours, mais pas pour vous rendre heureuse. Il vous demande même de quitter votre foyer et votre monde pour que vous le rejoigniez dans son monde obscure et lugubre. Sauf que vous résistez, à coup de traitements. Chaque jour est une victoire. Vous résistez mais jusqu’à quand ? Car sa question fétiche est « Quand c’est ? ». Tous les jours, il dit en moi du « Quand c’est que tu arrêtes ? », ou bien du « Quand c’est que tu me rejoins ? », voire du « Quand c’est que tu quittes homme et enfants ? ». La réponse peut le décevoir mais c’est ma vérité. Je lutte pour vivre, pour voir les gens grandir et le plus important, de profiter de chaque instant avant qu’il ne soit trop tard.
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