Atelier slam : composer un texte ayant pour thème chair et haine avec des mots au choix.
Blessé dans la chair
De ma chair
Je suis un homme tombé
Au combat
Le visage défiguré
Des cicatrices
Plein les bras
À fleur de peau
Ou à couteaux tirés
Le sourire dessiné
À la craie
Sur le fil du rasoir
Le nœud pap
En guise de corde
Ou bien suis-je
Une bouteille de gaz
Prête à exploser
Comprenez bien
Que je suis mal dans ma peau
Je suis un écorché
Les nerfs à vif
À me battre contre moi-même
Dans un combat perdu d’avance
Devant ma vie
Ma mère se désespère
C’est que je dois sans doute
Être par trop
Désespéré
Mélancolique
Et une cause perdue
Je suis bon à enfermer
Comme Antonin Artaud
À me passer la camisole de force
Pour me soigner à grands renforts
D’électrochocs
J’ai des pulsions parfois
Des envies de meurtre
De tuer le père
Régler mes comptes avec
Mon géniteur
Puisqu’un jour
Il le faudra bien
Ou bien
Sans doute
Me tuer moi-même
Me mettre hors-la-vie
Pour plus souffrir
Dans la chair de ma chair
Dans mes entrailles béantes
Mes yeux sont asséchés de larmes
Le mascara coule
Sous les paupières
Et les cicatrices à mes bras
S’ouvrent béantes
Pour m’attirer au fond d’un gouffre
Je me perds
Dans l’alcool
À toucher le fond
Parmi mes semblables
Les paumés
Dans les bas-fonds
Les marginaux assoiffés
Défilent dans ma maison
Ainsi que les filles de joie
Mais aucun corps chaud
Ne me réchauffera
Aucune chaleur humaine
Aucun amour
Aucun je t’aime
Je dois sans doute avoir une araignée noire
Au plafond
À tisser sa toile
Dans laquelle je m’empêtre
À chaque jour que Dieu fait
Et que mon soûl défait
Jusqu’au lendemain
Avec d’horribles visions
Des migraines atroces
Et sans nom
La tristesse est pour moi une consolation
Ça veut dire entre autres que je suis vivant
Mais pourtant
Je n’arrive plus à trouver la paix
Je n’arrive plus à fermer les yeux
Sans faire de cauchemars
L’insomnie me gagne
Et la déchéance gagne sur moi
C’est un cercle vicieux
Un serpent de feu
Qui se mord la queue
De même
Ma mâchoire veut mordre
Dans la viande tendre
De cette main
Que tu me tends
Tu veux me venir en aide
Me sauver
Me relever de la rue
Mais pour quoi faire ?
Je suis mon propre prédateur
Mon principal ennemi
Et je vise l’autodestruction
À petit feu
À doses de lendemains
À la gueule de bois
Qui déchantent
À me tordre de douleur
Par terre
Devant la cuvette des chiottes
À dormir dans mon propre vomi
Et à nettoyer chaque jour
Les traces de mon inaptitude
De mon inconséquence
Et sans doute même
De ma Folie
Mais c’est ainsi
Je ne peux pas lutter contre ça
Je dois m’efforcer de ressembler
À ce reflet qui me fait face
Devant la glace
Et que tu as toujours vu en moi
Un fantôme de tristesse
Ou bien encore
Un clown triste
Qui me fait la grimace
Et qui hurle profondément
En trouant le silence obscur de la Nuit
Comme le cri de Munch
Bas les masques !
Je ne suis pas une bonne personne
Je suis un être fragile
Égoïste
Abject et froid
Pars pendant qu’il en est encore temps !
Ou sinon je ne réponds plus de rien
Tu pourrais même alourdir
La liste des dommages collatéraux
Puisque je veux entraîner dans ma chute
Un maximum d’innocents
Pour me rendre le rire encore plus cruel
La Folie plus acceptable
On retrouverait ton cadavre
Un beau jour
Au fond d’un jardin
Dans un fossé
Ou bien dans une cave
Enterré
Et à moitié nu
Au fond je suis un chien fou
La mâchoire carrée
Et les crocs en avant
Prêt à mordre
À croquer dans cette chienne de vie
À déchiqueter cet enfant que tu me tends
Et dont tu prétends que je suis le père
Mais je n’ai ni père ni mère
Je les ai moi-même étranglés de mes propres mains
Afin de me tuer moi-même
Tuer le mal à la racine
Ne pas laisser la Pieuvre géante planter
Ses tentacules sombres en moi
Non décidément
Rien
Ne pourra me sauver
Je suis irrécupérable
Je peux crever la bouche ouverte
Me noyer dans ma mélancolie
Ou bien dans l’alcool
Plus personne ne s’en souciera
J’ai fait le vide autour de moi
À jouer au Caïd
Que je ne suis pas
Mais au fond j’ai faim
J’ai soif de vivre
J’ai peur
Peur du noir
Peur de la Mort
Peur de ce qu’il y a après
Et de découvrir qu’en fait
Après
Il n’y a plus rien
Plus rien d’autre
Que la lumière qui s’éteint
Et que tout s’efface à rebours
Le petit fil de ma vie merdique
Sans ambition
Sans joie aucune
Sans amour et sans regret
Jusqu’à remonter à Mes souvenirs d’enfant
Quand tout allait encore plus ou moins bien
Avant le drame familial
Je peux donc aller la conscience tranquille
Mes pulsions me dévorent de l’intérieur
J’imagine déjà les flammes
Jaillir de moi
Déchirer la Nuit
Comme dans un feu de joie
Et vous danserez tous bien en rond
Tout autour de moi
Je retournerai alors à la matière
Le cœur et l’esprit enfin apaisés
Cendres et poussières…
XK (Limoges, le 19.11.21)
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