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Photo du rédacteurEsther Schneider

Cette nuit-là (1/4)

Dernière mise à jour : 29 mars 2022


J’émerge brusquement d’un sommeil sans rêve. À en juger par la totale pénombre de la chambre, il doit être 3h du matin... De mauvaises ondes grandissent rapidement et je commence à avoir peur. J’étends le bras sur ma droite et je constate bien vite qu’il n’est plus là. J’essaye de garder mon calme et me redresse péniblement en fronçant les sourcils. Où est-il est passé ?

J’attrape par réflexe mon téléphone pour voir s’il m’a laissé ne serait-ce qu’un SMS, mais rien. Je rejette la couverture sur le côté alors que mon sang froid prend tranquillement la poudre d’escampette. Je me lève du lit et m’approche de l’unique fenêtre de la pièce, hésitante. J’oscille entre deux questions, chacune plus oppressante que l’autre, comme un métronome. Vais-je le trouver dans le jardin ou bien mon cœur s’arrêtera-t-il s’il n’y est pas ?

Je soupire pour expulser ma tension, tout en sachant que ça ne changera rien. Cette sensation est insupportable. Mon regard arrive au niveau de la fenêtre et, lentement, accède au champ de vision qui répondra à ma question.

J’ai un mouvement de recul avant de reconnaître son sweat blanc. Puis le soulagement m’envahit et je me rends compte que j’ai trop longtemps retenu ma respiration. Zak est assis au bord de la piscine, les pieds dans l’eau, la tête légèrement baissée. La lumière d’un lampadaire éclaire juste assez le jardin pour que je puisse le voir.

Je ne peux voir que son dos, mais je parie que ses pieds jouent dans l’eau et qu’il les regarde, absent. Et je ne lui en veux même pas. Comment le pourrais-je, alors que ça fait des heures qu’on s’est engueulés ? Le voir au bord de l’eau, au milieu de la nuit, ne m’étonne même pas... Je n’ai jamais compris pourquoi il faisait ça, d’ailleurs ; sa peur bleue de l’eau devrait l’en empêcher. L’observer dans le silence de la nuit doit l’apaiser, je suppose...

J’aimerais juste qu’il n’ait pas à faire ça. Ne pas se lever, en pleine nuit, pour atténuer sa douleur... et ça dure depuis qu’on est tout petits. Pourtant, à chaque fois ça me déchire le cœur. Parce qu’il ne mérite pas de souffrir comme ça ; et surtout pas qu’on le pousse à se tourmenter pour des problèmes pareils...

Ça m’énerve tellement, quand j’y repense... Quelle pourriture ce mec ! Comment il fait pour me retrouver tout le temps ? Qu’est-ce que je dois faire pour qu’il arrête de connaître mes moindres faits et gestes ? Ça me rend folle ; folle qu’il pousse Zak à bout, folle qu’il me traque sans arrêt, folle qu’il soit LA raison pour laquelle on se fout sur la gueule...

Ça ne devrait pas se passer comme ça. Je devrais m’engueuler avec Zak pour des erreurs qui nous concernent. Nous deux, ça devrait juste être nous deux... Je ne devrais pas avoir besoin d’être en permanence sur le qui-vive ; je ne devrais pas craindre de partir toute seule. Je ne devrais pas avoir la peur au ventre de tomber sur ce mec pour qu’il casse mes défenses et me fasse du mal.

Non, c’est pas une vie... On a 20 ans, merde ! Pourquoi on s’éclate pas ? Pourquoi on profite pas de notre liberté ? Pourquoi on nous laisse pas nous aimer ? Pourquoi on s’amuse toujours à s’immiscer entre nous ? Pourquoi c’est si drôle de détruire une relation... ?

Soudain, je remarque que Zak bouge un bras, dans le jardin. Il cherche quelque chose dans sa poche, mais l’objet qu’il en sort n’est pas bien visible. Je plisse les yeux et me rapproche un peu plus de la fenêtre.

OH.

HELL.

NO.


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