Réécrire la microfiction Babylone de Régis Jauffret (consigne de Mme Milena Mikhaïlova)
Depuis la mort de sa grand-mère, Essia n’a plus quitté son appartement. Elle a perdu sa motivation et son courage de faire face à la vie. Des entretiens reportés, des réunions annulées, un tas de documents qui attendent sa signature, voilà que travail est suspendu depuis deux semaines entières.
Son téléphone portable n’a jamais cessé de sonner alors elle l’éteint. Elle s’est complètement déconnectée de la vie et demeure blottie dans le canapé à boire du thé et à lire des romans pas vraiment excitants que les histoires que lui racontait sa défunte grand-mère.
Quelqu’un frappe à la porte et dérange le silence qui règne dans le salon. C’est probablement un de ses employés qui lui ramène, de nouveau, les documents à signer. Elle ne fait aucun signe de vie jusqu’à ce que l’employé se lasse de cette porte toujours fermée et la quitte.
Elle reprend sa lecture et fume la quatrième cigarette matinale. Un quart d’heure plus tard, elle s’ennuie trop de ces trois cent cinquante pages qui ne finissent jamais. Nerveuse, Essia ferme le livre et fait des allers et retours dans le salon. Elle ne veut pas réfléchir aux travaux cumulés ni à cet employé qui dérange sa tranquillité chaque matin avant qu’il aille à son bureau. Elle ne veut pas réfléchir à quoi que ce soit. Se Vider la tête, c’est tout ce qu’elle souhaite.
Elle a décidé de ne plus faire de bruit durant les deux semaines qui succèdent les funérailles de sa grand-mère, Zohra. Comme elle, Essia a voulu rejoindre la vie des morts, chasser les bruits afin d’écouter la voix de sa grand-mère. Mais, elle a échoué de l’entendre malgré tout. Rien au monde ne peut lui restituer la voix de sa grand-mère. Elle constate la futilité de son enfermement et l’impossibilité de reconstruire la voix de sa grand-mère dans sa tête alors elle fond en larmes et crie à voix élevée. Elle cherche à exorciser sa peine et à faire découler son malheur larmoyant. Puis, elle s’évanouit sur le sol.
Le lendemain matin, Essia se lève. Pour la première fois, elle décide d’ouvrir la porte-fenêtre et de contempler la rue encombrée de gens pressés et les voitures alignées sagement l’une derrière l’autre à attendre le feu vert afin de speeder. Le bruit de la vie routinière fracasse ses oreilles mais elle n’a pas quitté le balcon. Elle veut regarder et contempler la vie à travers ce bruit. Celui-ci est le signe de la vie.
Quelques instants plus tard, son employé vient frapper désespérément à sa porte alors Essia se redresse et lui demande d’attendre devant le café d’en bas, le temps qu’elle porte son habit et qu’elle parte avec lui sauver le travail.
Comments