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Photo du rédacteurFedia Berrima

En attendant depuis longtemps...

Dernière mise à jour : 9 mai 2022

Écrire une microfiction à partir du tableau de David Hockney Le Parc des Sources, 1970. (consigne de Mme Milena Mikhaïlova)



- C’est fou que le temps puisse passer aussi vite, hier nos enfants sont nés. Dit la femme et une larme brillante s’est détache de ses pauvres cils.

- Le dernier de nos descendants va se marier et nous abandonner, comme les autres. Soupire le vieil homme à gauche

- C’est la vie, mon chéri. Répond la femme calmement

- Non, la vie n’est pas comme ça ! Ce sont nos enfants qui veulent la rendre insupportable à cause de leur égoïsme infernal. Crache l’homme

-A quoi bon de s’indigner en ce moment empli de bonheur où ton benjamin va fêter son mariage avec son épouse ?

-Quoi ? Un moment de bonheur ? Dis plutôt un moment de malheur ! Ton fils va finir comme nous, abandonné sur une chaise et incapable de marcher vingt pas sans souffler la fatigue ! Il donnera naissance à des enfants à qu’il consacrera toute sa vie, sa carrière, son bien-être pour qu’enfin il les regarde continuer leur vie seuls tout en oubliant l’existence.


La femme se tait. Elle sait que son mari a en grande partie raison mais elle ne dira pas un mot, pour ne pas aviver sa colère. Elle préfère le silence pour le consoler. Près de deux heures et demie dans cette posture, sur leurs chaises, et incapables de rejoindre la foule dans la salle des fêtes où les convives dansent et chantent autour des mariés sous la voix élevée de la musique et personne n’est venue les chercher et les aider à se déplacer. Leur fils est tellement épris de joie qu’il a oublié de chercher ses parents parmi la foule. Ils sont devenus vieux, le pas lent et presque impossible, ils préfèrent la chaise que de se mettre debout. Jamais ils ne sortent de la maison. Ils restent confinés en attendant que l’un de leurs enfants viennent leur raconter des histoires de l’extérieur mais en vain. Personne ne sonne à la porte comme ici, personne ne vient les inviter à la salle des fêtes. Leur mission est accomplie, leur dernier fils vient de se marier : voici une dernière preuve tangible que leur fils n’est plus enfant et ne leur appartient plus.

Il vaut mieux attendre quelques heures supplémentaires et rester sur place afin que le dernier sortant de la salle des fêtes les remarque pour les inviter à les conduire chez eux.


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