ET SI ?
Certaines rencontres initialement n’engagent à rien. Quel est le risque, lorsqu’il ne s’agit que de quelques minutes volatilisées au sablier, le temps d’un clignement du regard, d’une conversation échangée ? Pour quelles raisons y renoncer lorsque les courbes de demain sont incertaines ? Intracées ?
« Et si ».
On se dit que si on reste là, sur ce siège, à converser autant qu’à écouter, c’est que quelque chose a inconsciemment fait tilt, une volonté aussi sournoise que curieuse de voir quel chemin nous sommes sur le point d’emprunter. Vertueux de l’incertitude, on s’y engage, on partage. On plane au rythme tortueux des paroles qu’on boit de l’autre jusqu’à se rendre compte qu’aucun breuvage comme celui-ci ne peut vous étancher.
« Et si ».
La soif de l’aventure, du goût du risque aggravé par l’envie soudaine de respirer, d’apprendre à aimer, à donner. On se répète « et si », comme un mantra, le contrat d’une nuit, d’une soirée. Après tout, que peut-il m’arriver ?
« Et si ».
La balade immobile de deux essences qui se découvrent, se livrent, avancent sans se rendre compte que le risque envisagé a été transgressé et que parfois, il est trop tard pour reculer. On en veut plus, donne-moi un morceau de ton cœur. Et on est là, les mains tendues avec cette avidité incontrôlée de cet inconnu aguichant et pour la première fois depuis longtemps on trouve le dangereux : attirant.
« Et si ».
Oh non, ne pars pas. Laisse-moi encore en apprendre plus sur toi. Laisse-moi te faire découvrir les méandres de mon passé, les ruines de mon présent et les fondations de mon futur. Tu veux ? Alors partons, viens, la nuit n’est pas terminée, dansons puis partons refaire le monde.
Après tout, demain n’engage à rien.
“What if I would love you till the end ?/ You would never be alone again.”
20.11.2020
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