Écrire une microfiction à partir dutableau de David Hockney Le Parc des Sources, 1970. (consigne de Mme Milena Mikhaïlova)
C’est la fin du monde, ça y est c’est reparti, la troisième Guerre Mondiale et tutti quanti ! L’holocauste nucléaire a terminé le travail commencé par la Covid19, c’est l’Over Killing, les champignons atomiques fleurissent comme des chrysanthèmes partout dans le monde pour mieux nous enterrer vivants, tout comme les drogues dures et le LSD. Bon sang, nous n’avons fait que nous détruire depuis tout ce temps !
Dieu au fond ne voulait plus de l’espèce humaine. D’ailleurs a-t-il un jour réellement voulu de nous ? De fait, il a plusieurs fois revu sa copie et ses rêves à la baisse pour repartir d’une page blanche et tout recréer, de nouveau ; il y a eu Adam et Eve, le Déluge et l’Atlantide avant nous. Au fond, nous ne sommes qu’un énième brouillon. Il est dépité tel un Prométhée moderne ou bien encore un scientifique devenu complètement fou devant sa créature protéiforme, assemblage de broc et d’os, devenue subitement incontrôlable, comme une pâle copie de lui-même.
L’être humain est une espèce non viable. Nous sommes mal conçus et ce dès le début. Pour vivre, nous devons respirer, boire, manger et chier. Nous devons dormir aussi un certain nombre d’heures chaque jour pour ne pas risquer l’épuisement. Ce qui nous donne un désavantage certain sur les autres espèces. En sus, nous ne devons pas être soumis à un environnement trop agressif, au trop froid, au trop chaud, au soleil, aux UV, aux épidémies, aux virus. De plus tous nos composants organiques sont voués à l’obsolescence programmée. Nous sommes des productions divines biodégradables qui ne laisseront derrière elles aucune trace relevable au carbone 14.
Nous sommes des êtres fragiles, avec une enveloppe corporelle molle entourant une ossature en dur. Alors qu’au final ce devrait être l’inverse pour pouvoir survivre dans ce monde-ci, parti en totale déliquescence. Certains dinosaures l’avaient compris en leur temps. Seulement eux aussi ont disparu, alors à quoi bon… Ne survivront après nous guère plus que les fourmis, les scorpions et les micro-bactéries. Tout le reste aura disparu !
Alors à quoi bon l’amour ? À quoi bon aimer ? À quoi bon donner à cette vie qui n’a plus de sens une nouvelle vie ? Un fils qui se fera tuer la première semaine au front, d’une balle entre les deux yeux. Autant ne plus se toucher, autant ne plus espérer. Regarde ! Tout autour de nous, les rues sont vides, les bancs se meurent de nous. Le parc est réduit au silence. Un silence de mort ! Toi aussi, tu ne parles plus. Je ressens tout comme toi que nous vivons pour de bon nos derniers instants.
Je voudrais te tenir la main, te prendre dans mes bras, mais je n’en ai plus la force ni même le courage. Ce matin, à la radio et à la télé, les nouvelles étaient affligeantes. Notre humanité aura totalement disparu d’ici une dizaine de jours, et que restera-t-il alors pour tout reconstruire ? Plus rien, ni personne. Ni Adam, ni Eve, ni d’Arche de Noé, ni même de Dieu. Non, celui-ci a rendu les armes depuis longtemps. Il a compris son erreur et après tout, c’est tant mieux !
crédits : Tableau de Pieter Brueghel l’Ancien (1525 - 1569), La Dulle Griet (Margot l’enragée), 1562, Anvers, Museum Mayer von den Bergh, 117,4 x 162 cm
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