"Carnation". Écrire au maximum une page A4 “inspirée” par La Grande Odalisque d’Ingres. (consigne de Jean-Michel Devésa)
Du rouge rose sur les lèvres, du noir sur les paupières, traits indécis. On me grime, on sourit face à ma transformation. On rigole, on papote. Je reste silencieux. Je fais comme si tout ça était utile, important. Au fond, je suis mal à l’aise, je n’en veux pas.
On me grime. Des cheveux aux pieds. Mes longs cheveux blonds passent plusieurs minutes à être triturés, tirés, coiffés. Je ferme les yeux, j’aime bien être pris pour une tête à coiffer et à maquiller. Seulement, j’aimerais que tout s’enlève aussi vite que c’est posé. Les couleurs. La peinture sur la toile qu’est devenue ma peau. Pauvre toile qui n’attend rien que d’être laissée tranquille. Toile douce tendue qui prend la poussière dans l’atelier de l’artiste. Cependant, on attend d’une toile à ce qu’elle serve. Alors la toile se résigne. Elle est support, rien d’autre. Elle ne peut pas exister en elle-même. Une toile aussi blanche, avec des imperfections certes, elle n’est pas unie, mais vierge de produits. Carnation banale, mais qui a besoin d’être recouverte. Pourquoi ?
Pour la beauté qui ressortirait de ce processus.
Pourquoi ne pas laisser une toile au naturel ? Lui laisser décider elle-même si elle en veut ? Si elle veut de ces jolies couleurs sans l’aspect obligatoire de la chose.
Parce que toutes ces couleurs sont jolies. Vraiment jolies. Les coups de pinceaux, les mouvements, les dégradés,… tout fait envie au fond. Les œuvres d’art aussi multiples que les couleurs existantes.
Soyez doux, dessinez-moi comme une de vos françaises. Et espérons que le tableau ne ressemble pas au portrait de Dorian Grey après la touche finale. Laissez la toile et les couleurs s’appréhender et s’apprécier, respirer.
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