Écrire (au plus) une page (A4) en commençant par la formule empruntée à André Breton : "il me fait jouer de mon vivant le rôle d’un fantôme" (dans "Nadja"). (consigne de Jean-Michel Devésa)
A – Il me fait jouer de mon vivant le rôle d’un fantôme.
Perdu dans les limbes de vos pensées, j’ai essayé de vous attraper. Je vous hurle dessus mais vous ne suivez pas ma voie.
Je vous agrippe, mais ne ressentez pas mon poids.
Je vous possède sans que vous n’écoutiez ma voix.
Je vous hante... Toi, ça t’est insoutenable.
Alors,
je vous épie.
Depuis la réalité imposée,
depuis le néant dans lequel vous m’imaginez.
Le Metteur En Scène – On reprend... Viens là.
L’actrice se rapproche, A s’éloigne.
Le Metteur En Scène – Sois plus dans l’écoute de ton monologue, récite moins.
Ressens ce que le personnage vit.
Il vit en toi.
Ses mots sont les tiens.
A - Essaye encore de m’interpréter. Rapproche-toi de ma réalité.
L’actrice - Je pourrai tout faire péter !
J’ai une ceinture, n’importe quand, sans raison,
je peux tout faire partir en fumée !
En poussière …!
L’actrice regarde le metteur en scène, cherche un regard dans son seul public.
Elle récite le texte comme une hésitation.
Je peux... je pourrai...
Si, si vous acce... Si non c’est pas...
Je le fais pas. C’est pas,
c’est pas grave.
A – Grave... Pas grave...
Écoute la musique dans ma tête, entends les basses qui gravitent dans mes intentions,
qui m’emportent avec elles dans les profondeurs de ma gravité.
Tu penses que l’explosion est la violence et l’hésitation la compassion.
Mais écoute les nuances.
Écoute ma demande d’aide avant implosion.
Entends mon désespoir, le danger dans mon apparente résignation.
Temps
Et si je bluffais ?
Le Metteur En Scène – Reprends.
Plus de nuances.
Temps
L'actrice se concentre. A se rapproche d'un pas vers elle et semble la traverser du regard.
Temps
L’actrice -Je peux TOUT faire partir en fumée...!
En poussière... Je peux...
Elle ralentit, regarde le fond de la salle. Son regard transperce l’âme de son adresse imaginaire.
A – Sens la mort.
Le Metteur En Scène- Voilà, pense à l’urgence !
L’actrice - Je pourrai...
Un sourire s’esquisse sur son visage.
Si vous, vous accept...
Si non, (elle force un sourire innocent) c’est,
c’est pas. Je m’en fous.
A se rapproche progressivement de l’Actrice, la regarde fixement, la possède.
A – Sens le danger, sens l'abandon.
L'Actrice : Je m'en fous... Je m'en fous hein...
C'est pas, c'est pas grave.
A – Oui, libère toi d'eux. Libère toi de toi-même.
L'Actrice : C'est pas grave du tout.
Pas pour moi, pour vous.
A – Tu le sens arriver. Tu me sens. En toi. L'Actrice : Pour vous, c'est grave. Si grave. (elle rit)
La haine, elle te guide, elle nous mène ici. C'est si grave. Je vais tout faire péter.
Laisse toi porter, ressens la symbiose. Vous, c'est fini. Moi, c'est la vie.
A est juste derrière l'Actrice. Il agit comme s'il la possédait
Les deux, ensemble :
Vous, c'est fini.
Nous, c'est
INFINI.
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