Écrire une microfiction à partir du poème Le Dormeur du Val d’Arthur Rimbaud, 1888. (consigne de Mme Milena Mikhaïlova)
Sur un banc à l’ombre biaisée,
Un homme allongé est pensant ;
Inconnu aux yeux des passants,
Couvert par son manteau usé.
L’entends-tu cette détresse humaine ?
Imperturbable sous les cris,
De plus, ses yeux mi-clos apaisent
Et sa main, sur une fleur pèse.
Ses bottes trouées nous supplient.
Méconnais-tu le monde et ses peines ?
Sans bruit, un homme dort ici,
Uni à un banc, son dur lit ;
Regarde tout autour de lui.
Entends-tu la fusée de détresse ?
Sans vie, dans la ville linceul,
Un homme est gisant sur son banc ;
Inconnu aux yeux des passants,
Cache son secret pour lui seul.
Misère de l’homme et ses faiblesses…
Il voulait en finir ainsi,
Déçu, dénonçait par son sang
Épais sous la lame et coulant,
S’enfuir de ce monde ennemi !
Pourquoi cette sombre extrémité ?
Allons errer pour l’éternité…
Y a pas à dire, ç’a a quand même d’la gueule c’te poésie !
_ « Bof, ça casse pas des briques non plus… Ni trois pattes à un canard ! Tu m’as dit que c’était d’qui déjà ? »
_ « Kama Datsiottié. »
_ « Kama qui ? »
_ « Da-tsio-ttié ! »
_ « Pfff, connais pas. Inconnu au bataillon le gadjo ! Tu m’aurais dit Rimbaud encore j’dis pas, et l’Dormeur du Val surtout, j’aurais tilté, mais là sérieux sa chiotte de poésie ne m’fait aucun effet. Ni chaud ni froid ! »
_ « En même temps c’est bien pour ça qu’on brûle des livres non ? Pour s’réchauffer ! C’est notre Fahrenheit 451 à nous ! Allez hop, tiens Beigbeder ! 99F ! Encore un livre pilon à jeter au feu. C’est l’autodafé d’la rue, mais ce Kama Datsiottié j’te jure bon Dieu, je me l’garde au chaud. »
_ « Mouais… Fais comme tu veux. En attendant file m’en une page ou deux car y a plus de PQ et là ça urge ! »
_ « Attends, bouge-pas. J’te file ça. Justement j’ai vu qu’y a une poésie qui tombe à point. Pensée du matin qu’ça s’intitule ! Tiens v’la ton Moltonel, page 136 et 137, et puis, t’auras un peu de lecture comme ça ! »
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