En réalité, la majorité de ma grossesse se déroula dans un calme étonnant ; dans un premier temps, Cassidy n’osa pas m’attaquer à nouveau.
Mais elle ne resta pas inactive, loin de là !
Je la surpris plusieurs fois discrètement, durant mon temps libre, lors de promenades matinales dans le quartier.
À chaque fois, elle semblait toujours furieuse de me voir, sachant pertinemment que je ne l’avais pas écoutée et que j’étais toujours avec Clive…
Mais durant mes sept premiers mois de grossesse, elle demeura passive, me laissant une paix royale qui me convenait.
Malheureusement, à partir du huitième mois, tout dérapa…
Ce soir-là, j’étais parti passer mon week-end dans l’une des petites propriétés de campagne que Clive possédait ; j’avais vraiment besoin d’un peu de tranquillité…
J’arrivais bientôt vers la fin de ma grossesse et je me sentais de plus en plus fatiguée, mon bébé ne cessant presque plus de me donner des coups de pied.
J’étais sur le point de préparer mon repas dans la cuisine quand tout à coup, j’ai entendu un bruit suspect qui m’a fait tressaillir.
Me retournant lentement, je fus immédiatement assaillie : une main a bloqué ma vue en me couvrant les yeux tandis que l’autre m’a appliqué un mouchoir au niveau du nez.
Plaquée contre la cuisinière, j’eus tout juste le temps de reconnaître l’odeur du chloroforme… avant de m’évanouir.
En me réveillant, j’ai tout de suite compris que j’étais attachée à une chaise : je ne pouvais plus bouger les poings et les pieds.
Et devinez qui me faisait face ?
Oui, vous l’aurez compris : Cassidy.
C’était elle qui m’avait attaquée ; c’était elle qui m’avait attachée ; et c’était elle qui m’insultait pour ne pas avoir pris ses menaces au sérieux.
Très vite, son discours me parut incohérent, sans queue ni tête, accompagné d’un visage totalement ravagé par une évidente perte de raison…
Ah, quand je disais que cette fille était complètement détraquée !
Cependant, dans sa folie, Cassidy avait aussi commis une terrible erreur : les cordes qu’elle avait utilisées pour m’attacher étaient trop fines, et ses nœuds bien sommaires.
C’est pourquoi je n’eus aucune difficulté à me détacher discrètement les poignets, m’occupant ensuite de mes chevilles alors qu’elle était partie dans la cuisine.
Mais alors que j’avais fini de m’occuper de la corde retenant mes pieds, j’entendis à nouveau les pas de Cassidy résonner dangereusement dans la maison.
Quelque chose - mon instinct, sans doute - m’a soufflé de rester sur ma chaise, de faire semblant d’être encore attachée.
Combien j’ai eu raison d’écouter ma petite voix intérieure…
Lorsque Cassidy est revenue dans la salon, elle avait un immense couteau à la main, à la lame brillante et interminable.
Une lame pouvant provoquer de sérieux dégâts.
J’ai immédiatement commencé à trembler ; si Cassidy avait l’intention de m’attaquer avec cette arme, je risquais inévitablement de subir quelques coups avant de parvenir à la maîtriser.
Mais celle-ci m’a rapidement détrompée : elle n’avait aucune envie de me tuer, car elle savait que le vengeance de Clive n’aurait aucune limite…
“Non, je ne vais pas te tuer : je vais plutôt te défigurer.”
Au début, j’ai cru avoir mal entendu : me défigurer ? Mais pour quoi faire ?
Et c’est là qu’elle m’a expliqué son choix : si j’étais défigurée et donc insupportable à regarder, plus aucun homme n’aurait envie de s’encombrer d’une femme comme moi !
“Clive surtout ne pourra plus te regarder sans se sentir horrifié ; et peu importe que tu attendes son enfant, il te jettera hors de sa vie comme il l’a fait avec moi !”
En entendant cela, j’ai senti une rage intense m’envahir en seulement quelques secondes.
Comment osait-elle me comparer à elle ?
Comment pouvait-elle croire que Clive pourrait nous abandonner, moi et notre fils à naître ?!
À partir de cet instant, mon esprit ne fut centré que sur une seule chose : faire taire cette sale garce ravagée par sa propre folie.
Calmement, froidement, j’ai attendu le bon moment avant de passer à l’attaque.
Et finalement, Cassidy a abaissé son couteau juste en-dessous de sa poitrine, laissant son visage et ses épaules libres…
Je n’ai pas hésité longtemps.
Comme une chatte furieuse, j’ai brusquement bondi hors de ma chaise, une main saisissant le cou de Cassidy, l’autre le manche de son couteau.
Celle-ci fut si surprise de ma réaction qu’elle est lourdement tombée en arrière, dans un vacarme assourdissant.
Elle a bien essayé de se débattre, mais mon ventre de femme enceinte eut l’avantage de bloquer tout mouvement.
Dès les premières secondes, je me suis efforcée de la débarrasser de son arme ; et très vite, le couteau a volé dans la pièce, loin de nous.
Quand ce fut fait, j’aurais pu m’arrêter là, me contenter d’assommer Cassidy et de l’attacher pour la mettre hors d’état de nuire…
Mais ce n’est pas ce que j’ai fait.
J’étais totalement hors de moi, hors de contrôle de corps comme d’âme ; une seule chose me guidait encore dans ce moment de fureur incontrôlable : faire taire Cassidy pour de bon.
C’est pourquoi j’ai resserré mes mains autour de sa gorge, appuyant de toutes mes forces pour étouffer sa voix, tandis qu’elle s’agitait comme une diablesse sous moi.
Et je lui hurlais… Oui je m’en souviens encore très bien :
“Crève sale chienne, crève !”
Oui, il n’y avait rien de raffiné dans mon discours…
Mais comprenez-moi : j’étais tellement enragée contre cette femme qui voulait gâcher le bonheur tout neuf que j’avais patiemment construit avec Clive !
Et puis, peu à peu, le brouillard rougeâtre qui recouvrait ma vue s’est estompé ; et je suis enfin revenue à moi.
Au sol, Cassidy avait cessé de bouger ; son corps était encore chaud mais commençait déjà à se refroidir progressivement.
Sur son cou, on voyait encore les traces violacées de mes mains sur sa peau…
Mais c’était surtout son visage qui était effrayant : les yeux exorbités, la bouche grande ouverte, les traits figés, elle semblait tout aussi grotesque dans la mort que de son vivant.
Lentement, je me suis relevée, incapable d’en croire mes yeux : je venais de tuer quelqu’un par pure colère…
Bien sûr, j’avais déjà tué avant ; mais c’était toujours pour le compte du gang.
Là, je venais de tuer pour moi et uniquement pour moi…
Ce fut à ce moment-là qu’une violente douleur m’a prit le bas du ventre, manquant de me faire perdre l’équilibre.
À la seconde douleur, je tentai de m’asseoir sur le canapé ; mais à la troisième, je perdis à nouveau l’équilibre et me retrouvai par terre, non loin du corps de Cassidy.
Et tandis que les douleurs - en fait des contractions - s’enchaînaient violemment, la panique commençait à m’envahir…
Mon Dieu, est-ce que j’allais accoucher ici, dans la solitude la plus complète, avec un cadavre pour seule compagnie ?
Dans mon désespoir, j’ai appelé à l’aide, n’ayant pourtant aucun espoir d’un potentiel secours providentiel :
“Clive, aide-moi ! Viens à moi, je t’en supplie !”
oOoOoOoOoOoOoOoOo
Il faut croire que cette nuit-là, Dame Fortune était avec moi : non seulement j’ai échappé à la mort mais en plus, j’ai également réussi à éviter un accouchement prématuré.
Non vraiment, j’ai eu une chance inouïe : alors que je pensais de plus en plus sérieusement que j’allais accoucher à la maison, quelqu’un est arrivé à ce moment-là.
Vous devinez qui ?
Eh oui, c’est facile à prévoir : Clive !
Mais pourquoi est-il donc venu me voir ?
En fait, c’était assez simple : il voulait me faire la surprise d’une visite tardive à la campagne et m’annoncer qu’il allait passer tout le week-end avec moi…
Une surprise qui s’est largement retournée contre lui.
Imaginez un peu la tête qu’il a fait en découvrant la scène : une chaise renversée, un couteau à terre, moi au sol et tremblante de douleur, et le cadavre de Cassidy totalement rigide…
Mais comme tout bon chef de gang qu’il était, il a rapidement repris ses esprits et a pris les choses en main.
D’abord, il s’est occupé de moi, me ramenant au QG pour me confier aux soins d’Elena, la chirurgienne du gang des Deux Roses.
Ensuite, avec quelques membres du gang, il s’est chargé du corps de Cassidy et a réussi à faire en sorte qu’on croit à une mort accidentelle, après une chute de falaise…
Absolument ersonne n’a soupçonné que le cou brisé de Cassidy l’avait été après sa mort, et non pas avant…
Mais quoi qu’il en soit, la famille proche a finalement récupéré le corps et a rapidement procédé à l’enterrement, trois jours après le décès.
Bon débarras !
Voilà une autre personne - en comptant Jared - que je ne regretterai pas et ce, même si j’étais à nouveau responsable de sa mort…
Et cette fois, je l’étais de façon directe : je l’avais tuée de mes mains.
Ma seule crainte, dans ce cas-là, c’était que Clive m’en veuille d’avoir tué son ex, sa toute première petite-amie officielle, sa première relation amoureuse de longue durée…
Mais encore une fois - et heureusement ! - j’ai eu tort.
Clive était devenu parfaitement clairvoyant au sujet de Cassidy : il savait qu’elle me haïssait et qu’elle était très suceptible de me faire du tort…
Il avait donc compris très rapidement que j’avais dû me défendre face à elle, puisqu’il avait constaté que la porte de la maison avait été fracturée.
Je ne l’avais pas détrompé ; la seule chose que je lui avais cachée, c’était le fait que Cassidy n’avait plus son couteau à la main quand je l’avais étranglée…
Hors de question d’avouer que j’avais donné la mort dans un simple accès de colère !
Autant laisser Clive dans ses illusions pour qu’il continue à croire que Cassidy était morte car elle voulait désespéremment me tuer avec son arme…
Mais en tout cas, cette attaque n’avait pas été complètement sans conséquences pour moi.
Comme je l’ai déjà dit, j’avais failli accoucher prématurément à cause du stress que j’avais ressenti durant la situation.
Néanmoins, j’avais été prise en charge juste à temps au QG du gang, les contractions s’achevant finalement sur une fausse alerte.
Mais désormais, l’accouchement était imminent.
Un seul mot d’ordre me fut donné après l’épreuve : repos, repos, REPOS.
Un avertissement que j’avais suivi à la lettre, sachant que mon bébé serait encore trop fragile pour arriver dans le monde des vivants.
Mais là, je commençais à en avoir vraiment assez…
Non mais c’est vrai quoi : j’étais énorme, j’étais épuisée et j’avais mal absolument partout !
Je n’aurais jamais pensé que la fin de la grossesse puisse être aussi pénible…
Je souffrais même à des endroits de mon corps que je ne connaissais pas, c’était tout dire !
Cette douleur… Si seulement je pouvais l’oublier d’une façon ou d’une autre…
Oh bon sang, je croyais que je donnerai n’importe quoi - genre, vraiment n’importe quoi - pour un bon massage, ou même éprouver un orgasme !
“N’importe quoi ? Vraiment ?” me demanda alors Clive d’une voix taquine.
Oups !
Visiblement, j’avais exprimé ma dernière pensée à voix haute…
Mauvaise habitude de ma part : j’avais souvent tendance à laisser filtrer mes réflexions dans les conversations, même sans le vouloir…
J’avais donc rougi à cette remarque mais je n’avais pas osé répondre.
Il faut dire que dans la situation actuelle, Clive m’avait rejoint dans mon lit, sachant pertinemment que je n’allais pas très bien, ces derniers temps…
Couchés côte à côte, ma tête posée contre sa poitrine, c’était la meilleure position qu’on avait trouvé pour qu’on soit confortablement installés.
Mais là, je voulais autre chose… Je voulais plus.
Or, comment pouvoir l’avouer en face de lui ?
Néanmoins, Clive sembla percevoir mes désirs profonds - d’autant plus que je m’étais exprimée à voix haute sur ce dont j’avais besoin ! -
Pour preuve, je sentis l’une des mains de mon homme se perdre sur mes seins, par-dessus ma chemise de nuit…
J’en eus le souffle coupé ; mince, comment j’arrivais encore à être aussi sensible dans l’état où j’étais ?
Petit tentateur… Il savait très bien à quel point ma poitrine était sensible, surtout au contact de ses doigts…
Il attarda ses caresses durant un bon moment, m’arrachant plusieurs gémissements sourds.
Mon Dieu, il me rendait folle… complètement folle…
Folle de désir mais surtout, folle de lui…
Puis, toujours en silence, seulement rompu par nos respirations haletantes, on se redressa tous les deux en position assise pour prolonger la séduction de nos corps.
J’avoue qu’avec le poids de mon ventre, j’eus du mal à me relever…
Heureusement, les mains fortes de Clive m’aidèrent à me positionner, quoiqu’en restant toujours très tendres.
Et une fois installées, les caresses recommencèrent.
Peu à peu, je me laissai aller entre les bras de mon homme, me perdant dans la douceur de ses doigts qui descendaient toujours plus bas sur mon ventre…
Je ne pus retenir un halètement en ressentant le contact de Clive sur la zone la plus sensible de mon corps, entre mes cuisses…
Bon sang, il osait donc vraiment le faire !
Il voulait me donner un orgasme !
Et mince, il se débrouillait tellement, tellement bien…
Oh non, je n’allais pas pouvoir résister bien longtemps face à ces assauts si sensuels…
Son pouce caressant mon petit bouton de nerfs déjà humide et gonflé, son index tourmentant mon entrée luisante de cyprine, il me fit gémir et trembler sans relâche.
“Clive… Clive…” l’appelai-je d’une voix rendue un peu plus rauque par le désir, ne parvenant pas à prononcer d’autres mots.
Je crus le sentir sourire contre moi, le connaissant suffisamment pour savoir qu’il aimait quand je prononçais son nom de cette façon.
Lui aussi ça le rendait fou de me sentir frémir contre lui et par lui…
Finalement, il devait arriver ce qui arriva : la pénétration de la main de Clive dans mon antre acheva rapidement de me faire perdre la tête.
Une fois, deux fois, trois fois… et à partir de la quatrième, je sus que je m’étais enfin perdue.
Le souffle rapide, le dos cambré, les orteils recourbés, la tête penchée en arrière, je laissai l’orgasme m’envahir, se propageant à une vitesse affolante dans tout mon être.
Sur l’instant, je ne ressentis que du bien-être ; la douleur s’était évaporée.
Et comme à chaque fois que je jouissais, je vis comme des taches blanches éclater devant mes yeux pendant quelques secondes avant que le plaisir ne s’alanguisse.
Je m’effondrai sur Clive, à bout de souffle, lui m’aidant à traverser l’orgasme par des caresses plus douces.
Je sentis alors nettement une petite bosse révélatrice au niveau de mon dos…
Ainsi, je n’étais pas la seule à profiter pleinement de ce moment : Clive aussi était excité que moi par ce qui venait de se passer.
J’aurais aimé pouvoir m’amuser avec lui à mon tour, comme nous le faisions avant…
Mais là, un épuisement inattendu me prit ; ce fut si soudain que je sombrai rapidement dans le sommeil, sans pouvoir résister, blottie contre mon homme.
La dernière chose que je ressentis, ce fut la main douce de Clive qui caressait mes longs cheveux blonds, répandus en désordre sur l’oreiller.
oOoOoOoOoOoOoOoOo
Environ une heure plus tard (c’est apparemment le temps que j’avais passé à dormir, après mon orgasme), je me réveillai en sursaut, secouée par une violente contraction au bas-ventre.
Et en ressentant un flot intense d’humidité au niveau de mes cuisses, je sus ce qui m’arrivait.
L’accouchement commençait et cette fois, ça n’avait rien d’une fausse alerte.
C’était si douloureux… Bien plus encore que la dernière fois !
Mais j’eus la chance d’être parfaitement prise en main par le corps médical du gang.
Et de façon assez curieuse, les choses se déroulèrent très vite.
Il faut croire que ma jouissance aurait contribué à accélérer la venue au monde du petit…
De mon côté, je pensais, un peu naïvement sans doute, que j’allais devoir pousser durant des heures et des heures…
Or, en seulement deux heures, les dés furent jetés : mon bébé se glissa enfin hors de mon corps et se mit aussitôt à pleurer.
Je le suivis rapidement… et Clive aussi.
Il était resté avec moi, me serrant la main et soutenant ma tête, durant ces deux longues heures d’accouchement.
Désormais, on était parents de notre magnifique petit garçon…
Notre petit Matteo… Matteo Parker.
Mon fils dans mes bras, il reposait doucement sur ma poitrine, encore si petit et fragile face à la vie.
Clive avait entouré mes épaules de son bras, son autre main m’aidant à soutenir Matteo et effleurant sa peau si douce…
Oui, pour moi, ce moment-là, c’était l’incarnation du bonheur.
Un bonheur simple et doux, mon bonheur à moi.
oOoOoOoOoOoOoOoOo
Comment pouvoir achever concrètement le récit de ma vie ?
Cela fait quelques jours que j’ai accouché et nous allons tous très bien : Matteo, tout comme Clive et moi.
Nous sommes sans doute de jeunes parents, mais je sais que nous y arriverons.
Nous saurons élever notre enfant ensemble ; il suffit que nous restions aussi unis que nous le sommes devenus depuis le jour de notre rencontre.
Une dernière chose : dans les gangs, chaque membre reçoit un petit surnom pour pouvoir communiquer dans certaines situations délicates.
Pour Clive, c’est “le Loup” ; et moi, j’avais choisi “l’Étoile” en référence à mon prénom.
Je peux donc achever mon histoire en clamant mon amour et ma fidélité haut et fort.
Je suis l’étoile d’un loup.
Comentários