Alma. Quatre lettres pour un prénom court et concis, donné à une jeune fille fragile. Car fragile, Alma l’était, elle ne le niait jamais.
Il faut dire que jusqu’ici, la vie ne lui avait pas fait de cadeaux : orpheline de père seulement quelques mois avant sa naissance, Alma n’avait pas eu la chance d’avoir une figure masculine à ses côtés pour la guider durant son enfance et son adolescence. Non, seulement une mère pour l’élever. Une mère scientifique de renom qui plus est, et donc pas toujours aussi présente qu’elle l’aurait souhaité auprès de son enfant.
Malgré tout cela, Alma et sa mère avaient longtemps partagé un lien fort, nourri d’amour, de tendresse et de complicité. Un lien qui avait brusquement pris fin, à l’aube des seize ans de la jeune fille…
En effet, un drame s’était déroulé au sein de l’institut scientifique où travaillait la mère d’Alma : une mauvaise manipulation de certains produits avait entraîné un violent incendie, occasionnant la mort de nombreux chercheurs. Et pas de chance pour Alma, sa mère faisait partie de la liste des victimes.
À compter de ce jour, la vie autrefois insouciante et plutôt heureuse de la lycéenne avait basculé dans le désespoir le plus complet. Ce ne fut pas très difficile pour elle, plongée dans une solitude des plus accablantes, de sombrer dans la dépression.
Épuisement constant, manque de motivation, maux de tête fréquents, perte d’appétit et de sommeil, chagrin permanent, sensation de culpabilité, perte d’intérêt pour les loisirs et autres centres d’intérêts… Oui, la liste des symptômes était longue comme le bras.
Pourtant, Alma avait essayé de se battre. Elle avait vraiment essayé. Se voir plonger dans un état pareil l’avait épouvantée ; et elle savait pertinemment que sa mère n’aurait pas aimé la voir comme ça, non plus. Mais… elle n’avait pas réussi à trouver la force nécessaire pour se reprendre en main ; il faut dire que les circonstances ne l’avaient pas vraiment aidée…
Envoyée dans un orphelinat en attendant d’atteindre sa majorité, Alma n’avait pas reçu les soins essentiels pour combattre sa maladie. Désemparée, la jeune fille avait donc décidé de trouver du réconfort à sa manière… et elle l’avait vite mis la main dessus. Sans doute l’un des pires exutoires qui soit : l’alcool.
On ne prévenait jamais assez des dangers que représentaient les boissons alcoolisées : c’était comme un serpent qui se mordait la queue, un cercle vicieux qui transformait la vie en enfer lorsqu’on tombait dedans. Un piège qu’Alma n’avait pas su éviter : vin, pastis, rhum, whisky, bière… Aucun alcool n’était dédaigné par la désormais jeune femme, même après son départ de l’orphelinat ; l’alcoolisme s’était ancré en elle, tel le plus résistant des poisons.
À maintenant vingt ans, Alma voyait bien comment ces quatre dernières années d’alcoolisme avaient déteint sur elle : sa beauté s’était fanée, son caractère s’était encore ombragé. À tel point qu’elle ne supportait plus de se regarder dans un miroir, à cause de ce qu’elle voyait : une fille fantôme, dépressive et alcoolique… Comme situation, il ne pouvait pas y avoir pire.
Roulée en boule dans son lit, plusieurs bouteilles vides au pied de sa table de chevet, Alma laissa les larmes couler sur ses joues, sans bruit. Larmes de désespoir face à une situation désespérée… Qui pourrait donc la sauver de ce chaos sans fin ?
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Parfois, il faut croire que Dame Fortune peut sourire envers les plus malheureux ; après quatre longues années de cauchemars empreintes d’alcool et de douleur, Alma eut la chance de rencontrer sa grâce salvatrice par une belle matinée d’été.
Pourtant, la journée avait très mal commencé : après s’être rendu compte que toutes ses bouteilles étaient vides, la jeune étudiante avait tenté d’aller en acheter dans les épiceries du coin, mais sans succès. Pour quelle raison ? Pas assez d’argent…
Il faut dire qu’un emploi de femme de ménage ne rapportait pas grand-chose… et en plus, Alma gaspillait la majorité de son salaire dans la boisson, quoiqu’elle s’efforçât de toujours payer son loyer. Et maintenant, elle n’avait plus rien pour assouvir son addiction.
Après avoir longuement parcouru les rues désertes de son quartier, Alma finit par s’arrêter, seule et épuisée. La soif la tenaillait de façon insupportable et elle se sentait trembler comme une feuille. Mais comment avait-elle pu en arriver là, à tomber aussi bas ?
Acculée d’angoisse, la jeune femme laissa finalement libre cours à ses larmes, les mains cachant son visage, ne se souciant pas de savoir si quelqu’un la voyait pleurer. Larmes de douleur face à une dépendance empoisonnée qui la détruisait de l’intérieur…
Soudain, Alma sentit une main se poser sur son épaule ; se retournant avec brusquerie, elle fut abasourdie en voyant le jeune homme qui lui faisait face, ses beaux yeux noirs la contemplant avec inquiétude. Il lui demanda alors, d’une voix plutôt douce, si tout allait bien.
Dans une sorte de hoquet mélangé à un sanglot, Alma fit alors quelque chose qui ne lui ressemblait pas du tout : se blottir contre l’inconnu, cherchant de la consolation dans son odeur et sa chaleur humaine. Une action qui ne lui fut pas préjudiciable, au contraire…
Si le jeune homme - qui s’appelait Antoine - fut d’abord pris au dépourvu par la situation, il ne se résolut pas à abandonner cette pauvre fille à son sort. Après l’avoir calmée, il l’emmena à la terrasse d’une brasserie, curieux de connaître la cause d’un si grand désarroi.
Sans doute heureuse d’avoir enfin une oreille attentive prête à l’écouter, Alma déballa toute son histoire, comme on confesse ses péchés à un prêtre. Passant seulement sous silence les circonstances exactes de la mort de sa mère, la jeune femme ne lui cacha rien de sa vie, depuis son envoi à l’orphelinat jusqu’au développement de son alcoolisme.
– Aujourd’hui, je me sens comme une moins-que-rien…, conclut-elle en se remettant à pleurer. Je suis une épave qu’on ne pourra jamais remonter hors de l’eau, une fusée qui ne décollera jamais du sol, une…
– Alma, tu ne peux pas dire une chose pareille, l’interrompit Antoine avec un calme étonnant. Écoute, je comprends exactement ce que tu ressens : il y a encore quelques années, moi aussi j’en suis passé par là.
– Quoi ? Tu veux dire que… toi aussi… tu étais… ?
– Alcoolique ? Non, mais c’était tout comme : j’étais accro aux somnifères. Comme ta mère, mes parents sont morts dans un accident et les médicaments étaient la seule chose qui me permettait de ne pas sombrer. Comme j’ai été bien entouré, j’ai finalement pu m’en sortir à temps. Ce qui n’est pas ton cas… Mais je peux y remédier, si tu le désires.
– …
– Alma, acceptes-tu que je t’aide, oui ou non ?
– … Oui.
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Le jour où elle avait dit « oui » à Antoine, Alma ne l’avait jamais regretté. Après tout, leur rencontre avait été une bénédiction pour elle : il lui a sauvé la vie.
En fait, lorsque cette fille, à la fois délicate et ravagée, lui avait raconté sa vie, Antoine s’était entièrement reconnu dans son récit : lui aussi avait été comme ça autrefois, à fleur de peau, durant une très longue période… Et comme le jeune homme était un garçon bien - très bien, même - il avait eu envie d’apporter son soutien à son tour.
L’hospitalisation d’Alma dans un centre s’était rapidement révélée indispensable pour deux raisons : sa dépression et son isolement familial, deux choses la rendant vulnérable face à sa dépendance. Et même si la jeune femme savait cette étape essentielle pour suivre la voie de la guérison, elle n’avait pu s’empêcher d’avoir peur la veille de son départ. En fait, elle avait honte d’elle-même puisque la désintox n’était pas toujours vue avec bienveillance…
Mais Antoine l’avait rassurée : puisqu’il était rapidement devenu son seul véritable ami, il ne la laisserait pas tomber. Il lui promit de l’appeler tous les jours afin qu’elle gardât le moral, étant donné que les visites n’étaient pas autorisées. Une telle sollicitude avait intrigué Alma au plus haut point :
– Pourquoi tu te soucies autant de moi comme ça ? Je veux dire, ça ne fait pas longtemps qu’on se connaît, toi et moi… Je pourrais ne pas être quelqu’un de si bien que ça, tu sais ?
– Peut-être, mais je ne suis pas d’accord avec toi, Alma : tu ne t’en rends sans doute pas compte, mais tu es beaucoup plus forte que tu ne le crois. Une force dont tu n’as pas encore conscience… et que je finirai bien par te montrer, un jour ou l’autre.
Réconfortée par cette marque de confiance, Alma était partie le cœur plus léger au centre dès le lendemain. Les médecins l’examinèrent puis décidèrent de l’hospitaliser pour un mois. Un mois ! Alors que la moyenne se situait à deux semaines ! À ce moment-là, la jeune femme avait pensé que décidément, son sevrage ne se ferait pas sur un tapis de roses…
Mais finalement, le séjour d’Alma s’était plutôt bien passé : traitement médical, groupes de soutien, séance avec un/une psychologue, elle avait suivi toutes les recommandations à la lettre.
En réalité, c’était surtout la nuit que c’était le plus dur : anxiété, agitation, cauchemars, voire insomnies venaient facilement perturber son sommeil. C’était toujours dans ces moments-là qu’Alma s’autorisait à pleurer sur son oreiller… Larmes de dépendance face à la puissance de l’addiction.
Mais cette fois, la jeune femme avait quelque chose en elle qu’elle n’avait pas ressentie depuis des lustres : l’envie de se battre. Une envie donnée par la force d’une rencontre heureuse ; car il fallait bien dire qu’avec le temps, Alma s’était de plus en plus attachée à Antoine, attendant avec impatience son appel téléphonique quotidien depuis l’hôpital. Sans doute allait-elle un peu trop vite en ce qui concernait ses sentiments. Mais le cœur pouvait faire preuve d’une force insoupçonnée, une force que la jeune femme avait décidé d’écouter.
Alors, dès sa sortie du centre, Alma s’était précipitée chez Antoine, voulant lui faire la surprise de son retour. Une surprise d’abord accueillie avec stupeur par son ami, puis avec plaisir lorsqu’il la prit dans ses bras. Un geste qui donna lieu à une confession inattendue :
– Antoine, je sais que ça va te paraître fou… mais je crois bien que je suis en train de tomber amoureuse de toi. Alors si tu aimes le genre de fille un peu fêlée qui me ressemble… ça te dirait de sortir avec moi ?
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L’inattendue déclaration d’amour d’Alma était bien l’une des choses qui avaient le plus surpris Antoine dans le cours de sa vie. Il faut dire qu’une fille lui demandant ainsi, spontanément, d’être son petit-ami, ce n’était pas banal ! Et Antoine n’avait pas pu dire non.
Après tout, comment aurait-il pu ? Lui aussi avait fini par développer des sentiments, plus forts que la simple amitié, envers Alma. C’était une fille qui le touchait, à la fois courageuse et déterminée, même si elle-même ne le croyait guère ; et grâce à sa cure au centre de désintoxication, sa beauté avait commencé à refleurir de façon touchante.
Ses longs cheveux auburn et bouclés avaient pris davantage de volume ; sa peau était devenue plus lumineuse ; et son regard vert sombre avait retrouvé cet éclat pétillant, témoin du bonheur de vivre. En bref, Alma renaissait ; certes, elle n’était pas encore guérie de sa dépression, ni de son alcoolisme mais au moins, elle suivait enfin le chemin de la guérison.
C’est donc de cette façon que les deux amis avaient commencé à sortir ensemble. D’abord chaste et fragile car récente, leur relation s’est faite de plus en plus forte, au fil des jours, des semaines, des mois, un lien se nourrissant de l’affection et de la tendresse qu’ils se vouaient l’un à l’autre. C’était un couple charmant que rien ne semblait pouvoir ébranler.
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Et pourtant… Au bout de six mois de relation, une violente dispute mit à mal l’amour unissant les deux amants. Un jour où Alma rentrait chez elle après avoir passé son dernier partiel de littérature, elle eut la surprise de trouver Antoine dans son salon, paraissant l’attendre de pied ferme. Assis sur le canapé, les bras croisés sur la poitrine, il dévisagea sa petite-amie d’un regard qu’elle ne lui connaissait pas… et qui honnêtement lui fit peur.
– Antoine ? Que fais-tu ici ? Et pourquoi tu me regardes comme ça ? Ça ne va pas ?
– Alma… Tu comptais me dire quand la vérité à propos de ta mère ?
– La vérité ? Quelle vérité ? Je ne te suis pas…, bredouilla la jeune femme avec une brusque anxiété.
– Arrête de me prendre pour un idiot ! hurla soudainement le jeune homme avec une colère inattendue, faisant violemment sursauter la femme qui l’aimait. Tu comptais me dire quand que tu étais la fille de Catherine Forestier ?! Tu pensais peut-être que je n’apprendrais jamais que tu es la fille d’une ancienne célébrité de la science ?!
– Non… Antoine attends ! s’exclama Alma, à présent penaude et désemparée. Écoute, je n’ai jamais voulu te cacher quoi que ce soit sur moi ou sur ma mère, et c’est vrai que j’aurais dû te parler davantage d’elle… Mais je ne voulais pas que tu t’intéresses à moi juste à cause de sa célébrité… Et puis de toute façon, elle est morte depuis quatre ans, le passé est le passé…
– Non, ce n’est pas que du passé pour moi ! Est-ce que tu sais que c’est à cause de ta mère… si mes parents sont MORTS ?!
– Que… QUOI ?! Mais… Qu’est-ce que tu me racontes ?! Tu m’as dit que tes parents étaient décédés dans un accident !
– Justement ! Mes parents aussi étaient scientifiques, de simples chercheurs sans renom qui ont été victimes de l’incendie causé par ta mère… Parce que c’est à cause d’elle qu’il y a eu cet incendie, il y a quatre ans ! Et toi, tu as lâchement préféré me cacher la vérité plutôt que d’être honnête avec moi ! Comment je pourrais continuer à te faire confiance et à sortir avec toi ?!
Même dans ses pires cauchemars, Alma n’aurait jamais pensé vivre une situation pareille. Et alors que la douleur et la colère montait en elle, elle sentit les larmes lui perler aux yeux. Larmes de rage devant tant d’injustice gratuite dirigée contre elle…
– Je pourrais te retourner la question, Antoine… Après tout, toi aussi tu m’as menti en me cachant la vérité sur la mort de tes parents ! Et vu les circonstances, on n’a plus le choix : je te quitte Antoine, tout est fini entre nous ! Je ne veux plus jamais te revoir, jamais !
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Je ne veux plus jamais te revoir… Tels étaient les derniers mots qu’avaient adressés Alma au garçon qu’elle aimait… juste avant que leur dispute ne tourne définitivement à l’orage.
Ils s’étaient longuement crié dessus, chacun adressant des reproches à l’autre sur son mensonge, et voulant tous deux défendre l’honneur de leurs parents. Finalement, ce fut la fatigue qui les avait décidés à se séparer : ivre de rage, Antoine était parti en claquant la porte tandis qu’Alma s’était écroulée dans le premier fauteuil venu, prise d’une crise de larmes sans précédent. Elle était alors tellement en colère contre Antoine…
Mais très vite, la rage avait laissé place à une douleur incommensurable : le chagrin d’amour… Un énorme vide dans le cœur… Exactement comme si la personne qu’on aimait venait de mourir… Mourir dans les sentiments.
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Cela faisait deux semaines qu’Alma n’avait pas revu Antoine… et qu’elle n’arrêtait pas de pleurer. Larmes du chagrin d’amour… Elle qui avait fait tellement d’efforts dans son combat contre l’alcool et la dépression, la voilà qui retombait dans les griffes de ses vieux démons… Et tout ça parce qu’elle n’avait plus la raison de l’amour pour se battre.
Un soir, la jeune femme but tellement de rhum qu’elle fut incapable de regagner son lit. La vision floue, ne sachant plus où elle en était, Alma parvint néanmoins à se rendre dans le salon et s’effondra sur le canapé, plongeant aussitôt dans un très profond sommeil…
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La première chose dont la jeune femme se rendit compte en se réveillant, c’était qu’elle se sentait privée de la moindre force. Ensuite, elle ne reconnut pas du tout le salon de son appartement. Enfin, elle sentit comme des tuyaux dans son nez qui la dérangeaient vivement ; mais lorsqu’elle voulut essayer de les retirer, elle sentit une main se poser sur la sienne :
– Non Alma, n’y touche pas ! Ils t’aident à respirer.
– An… Antoine… ? C’est… C’est bien… toi… ?
– Oui Alma, c’est moi. Tu ne peux pas t’imaginer à quel point je suis soulagé que tu sois réveillée ! J’ai eu si peur…
– Que… Qu’est-ce qui s’est… passé… ? Je suis où… ?
– À l’hôpital. Tu as sombré dans un coma éthylique… Et si je ne t’avais pas découvert à temps chez toi, tu aurais même pu en mourir…
Alma se sentit perdue : hôpital ? Coma éthylique ? Abus d’alcool ? Et puis…
– Oui, je me souviens… J’allais si mal ce soir-là que… j’ai replongé… J’ai bu tellement de rhum… Comme j’ai honte…
– Alma, ne culpabilise pas ! Tout ça, c’est entièrement de ma faute : je n’aurais jamais dû te quitter de cette manière… Je n’ai pas arrêté d’y réfléchir ces derniers jours et c’est pour ça que je suis venue te voir, ce matin : pour m’excuser…
– …
– Mais quand je t’ai découvert sur le canapé de ton salon, j’ai tout de suite compris que quelque chose n’allait pas : tu étais si pâle et tu ne te réveillais pas… Puis quand j’ai vu les bouteilles, j’ai réalisé ce qui se passait… et j’ai appelé une ambulance.
– Antoine…
– Attends Alma, laisse-moi juste finir ! Pendant notre dispute, tu as dit quelque chose de très juste : le passé est le passé… Et tu as raison, nos parents sont morts, on ne pourra pas changer ce fait. Par contre, je sais qu’ensemble, nous pourrons dépasser notre traumatisme commun… et aussi que je tiens beaucoup trop à toi pour pouvoir t’abandonner une seconde fois. Alors, si au fond, tu m’aimes encore un peu… Est-ce que tu accepterais que je revienne vers toi ?
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Il y avait certaines questions, dans une vie, qui étaient capables de faire basculer le cours de l’existence ; et celle qu’avait posée Antoine à Alma à l’hôpital faisait partie de ces fameuses questions du genre.
Ce n’était pas pour autant que la jeune femme avait aussitôt accepté de redonner une seconde chance à son premier petit-ami. Il lui avait fait tellement de mal… Mais elle ne voulait pas non plus le perdre à nouveau : il lui manquait vraiment trop… C’est pourquoi ils s’étaient mis d’accord sur une trêve d’amitié, le temps de ressouder leur lien.
Alma était restée un moment à l’hôpital : son coma l’avait vraiment secouée… mais il avait eu le mérite de lui remettre enfin les idées en place. Cette fois, elle avait compris que si elle ne s’arrêtait pas définitivement avec l’alcool, elle courrait tôt ou tard à sa perte. Elle avait donc repris son combat de plus belle, tout comme sa bataille contre la dépression.
Comme si rien de mal ne s’était passé entre eux, Antoine était revenu dans la vie de la jeune femme, lui apportant à nouveau son soutien, si essentiel pour elle. Mais cette fois-ci, le duo était complètement sincère l’un envers l’autre : ils ne se cachaient plus rien sur la mort de leurs parents et arrivaient à en discuter à peu près calmement.
Alma avait commencé à admettre que sa mère avait effectivement commis une faute ayant conduit à sa mort tragique et Antoine s’était montré encore plus bavard : le décès accidentel de ses parents, alors qu’il n’avait que treize ans, l’avait conduit à sombrer dans l’addiction des somnifères. Un cauchemar dont il ne s’était sorti que quelques années auparavant, grâce au soutien de ses grands-parents, attentifs et aimants.
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Le temps avait passé et de son côté, Alma avait obtenu des succès inespérés dans différents domaines : retrouvant un peu de sa joie de vivre d’antan, elle n’avait plus retouché à une goutte d’alcool, et avait même réussi à trouver un emploi au journal local où elle fut rapidement reconnue pour la qualité de sa plume incisive. De plus, elle avait fini par pardonner Antoine et à se remettre en couple avec lui, après trois mois de trêve amicale.
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– Alma ! Tu es prête ma chérie ?
– Presque mon amour ! J’arrive !
Aujourd’hui n’était pas un jour comme les autres : cela faisait maintenant deux ans, jour pour jour, que le duo s’était rencontré pour la première fois. Antoine avait prévenu sa petite-amie qu’il comptait l’emmener à la brasserie où ils avaient fait connaissance pour lui parler de quelque chose d’important ; et la jeune femme avait bien une petite idée de ce que cela pourrait être…
Un peu plus tard, le couple était installé à une table de la terrasse, enveloppé par la douce chaleur du printemps. Le jeune homme entama sa déclaration :
– Alma, depuis notre première rencontre, j’ai su très vite que toi et moi, nous étions faits pour être ensemble… Alors je te le demande Alma Forestier : est-ce que tu acceptes de devenir ma femme ?
En voyant l’anneau d’or finement ciselé et incrusté de petits diamants venir glisser à son annulaire gauche, Alma sentit les larmes lui monter aux yeux. Mais différentes, cette fois-ci : larmes de joie puisqu’elle allait devenir la femme aimée dans le cœur d’un seul homme.
– Oui Antoine ! Bien sûr que j’accepte de t’épouser ! Mais en retour, je veux que tu me promettes d’être toujours là pour moi, comme je le serai pour toi… Tu me le jures ?
– Je te le promets mon amour. Je te le promets.
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