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Photo du rédacteurLucille Lorieux

La fleur au fusil

Dernière mise à jour : 9 mai 2022

Écrire une microfiction à partir du poème Le Dormeur du Val d’Arthur Rimbaud, 1888. (consigne de Mme Milena Mikhaïlova)


L’explosion étrangla l’air dans un vacarme de flammes et de larmes alors que la ville éclatait en sanglots.

Le fracas fit sortir en sursaut un petit soldat de sa sieste sauvage. Il se mit debout, l’arme au poing, un mélange de terreur et d’ardeur aux poumons. Autour de lui, des civils étaient sous le coup de l’abasourdissement tandis que d’autres hurlaient à la recherche d’un ami enseveli sous les gravats d’immeubles tombés en morceaux. Une mère tirait son enfant par la main qui pressait un ours en peluche contre sa peau. Elle surveillait l’ennemi invisible, armée de l’ombre, créatrice de veuves, d’orphelins et de décombres, cachée derrière ses canons et sa haine en poudre.

Le petit soldat se mit en marche dans les rues de bitume craquelées par le passage des tanks en attente. Il comptait ses pas car tant que les nombres résonnaient dans sa tête, celle-ci reposait sur ses épaules et ses jambes tenaient debout le choc du béton. Il marchait tête nue vers un horizon incertain, inconnue destination où il était forcé de se rendre. Et dans ce val urbain, le gris de la poussière en grains neigeait sur les toits d’ardoise et de tuiles, le gris de la pluie inondait les nuages et les caniveaux, le gris s’obscurcissait, se privant peu à peu de toute nuance de blanc.

Et au milieu de cette bruine, ses yeux se posèrent sur un éclat de miel qui brillait sur les pétales d’un pissenlit.


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