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Photo du rédacteurKillian Carlu

La Série de trop, de Troie

Dernière mise à jour : 29 mars 2022

À l'occasion des JNAE 2021 sur le thème de la liberté, j'ai participé à un atelier d'écriture créative, chacun d'entre nous devait être motivé par un texte ou une image, puis se laisser porter le temps d'une heure avant la restitution.



6h

Un, le réveil sonne. Je me lève.

Deux. J’avance, me brosse les dents, prends une douche.

Un. J’enfile des fringues, regarde l'heure, ferme à clé.

Deux. Le métro est bondé, les âmes vidées, routine respectée.

Un. J’arrive au travail, la routine, le vide.

Deux. Je prends ma salade à midi, mon collègue me parle des dents de sa fille. Quel intérêt ?

Un. Reprise du boulot, le rythme enclenché, rien ne s’arrête.

Deux. Sortie du boulot, retour au métro, maison bondée.

Un. Les mots se perdent, Netflix me retrouve, une saison passe.

Deux. Elle était cool, me fait penser, rien à rêver.

Un. On répète. Deux. Encore. Et. Encore.


20h

Soudain, ma liberté est privée. Je suis dépravé, en perdition dans l’oubli de l'appartement. La routine est brisée, le rythme enrayé, la télé commence à me lasser.

Dehors ? Il paraît que la nature reprend son cours, sa vie, ses droits.

Que faire, que voir ?

Reprendre ses droits ? On les lui a enlevés ? Je suis incultivé. Ça se dit ? Je ne sais même pas. À quoi bon se poser la question, rien ne va, ne marche, ne réfléchit.

Mais sa vie reprend, des biches dans les villes, des dauphins à Venise, des pensées dans nos têtes.

On a le temps.

Le temps de se poser, de rêver, de se lasser, de rêvasser.

Faudrait pas que ça devienne pathologique. Réfléchir, ça fait mal.

Mal au crâne, mal à l’âme.

Mal à l'Ordre et mal à ses forces.

Mal au temps, il agonise.

Il agonise parce que je le prends, je prends mon temps, celui de la réflexion, puis viendra celui de la rébellion.


Ça fait un mois, le rythme a disparu. Je n'y retournerai plus.

Laissez-moi, lâchez-nous, libérez-nous.

Arrêtez ce flot d’infos, ce ruisseau de boulot, des raz-de-médias, ces tsunamis de séries.

C'est cool le divertissement.

C'est épuisant le divertissement.

Il est trop présent, le divertissement.


Dans un monde d’horreurs

Irrité par nos erreurs

Vois puis oublie

Éteins ton cerveau

Réfléchir ? Plus tard

Tard ou jamais.

Ici, rien ne sert de réfléchir.

Sers-nous

Servons-nous les uns, les autres

Émerveille-toi de la beauté humaine

Mens-toi et pense

En sachant que tu n’as pas le temps

Ni maintenant, ni jamais

Servir, nous servir, par ta culture.


Mais aujourd’hui, tout change. J’en ai marre, j’en peux plus, je suis à bout. À bout de tout, à bout de vous.

Juste avant la rupture, avant ma brisure, que ma tête ne se rompe.

Mais ce sont mes liens, c’est votre idée, vos entraves que je romps avant. Ca, c'est la survie, cachée par une avalanche de plaisirs auxquels je suis forcé d’adhérer.

Non.

Non !

Ici.

Là et maintenant.

La Voie Lactée fait volte-face, le sens de la vie retrouve son chemin.

Tout, TOUT revient libre et suit les bonnes étoiles. Un nouveau message m’apparaît, un dogme dans mon ciel clair.


Lève-toi pour tes pensées

Idéalise le monde d'aujourd'hui

Bats-toi, bats-les pour qu’ils soient là ce soir

Écartèle ceux qui battent tes droits

Rugis à l’appel de la nature

Transmute avec tous et toutes

Évoluez vers le meilleur de votre monde.




Je regarde le ciel, une étoile filante entre, puis fuis ce monde fou.

Petite étoile, plus qu’un vœu, une promesse.

Dans 10 ans, tu resteras.



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