À l'occasion des JNAE 2021 sur le thème de la liberté, j'ai participé à un atelier d'écriture créative, chacun d'entre nous devait être motivé par un texte ou une image, puis se laisser porter le temps d'une heure avant la restitution.
6h
Un, le réveil sonne. Je me lève.
Deux. J’avance, me brosse les dents, prends une douche.
Un. J’enfile des fringues, regarde l'heure, ferme à clé.
Deux. Le métro est bondé, les âmes vidées, routine respectée.
Un. J’arrive au travail, la routine, le vide.
Deux. Je prends ma salade à midi, mon collègue me parle des dents de sa fille. Quel intérêt ?
Un. Reprise du boulot, le rythme enclenché, rien ne s’arrête.
Deux. Sortie du boulot, retour au métro, maison bondée.
Un. Les mots se perdent, Netflix me retrouve, une saison passe.
Deux. Elle était cool, me fait penser, rien à rêver.
Un. On répète. Deux. Encore. Et. Encore.
20h
Soudain, ma liberté est privée. Je suis dépravé, en perdition dans l’oubli de l'appartement. La routine est brisée, le rythme enrayé, la télé commence à me lasser.
Dehors ? Il paraît que la nature reprend son cours, sa vie, ses droits.
Que faire, que voir ?
Reprendre ses droits ? On les lui a enlevés ? Je suis incultivé. Ça se dit ? Je ne sais même pas. À quoi bon se poser la question, rien ne va, ne marche, ne réfléchit.
Mais sa vie reprend, des biches dans les villes, des dauphins à Venise, des pensées dans nos têtes.
On a le temps.
Le temps de se poser, de rêver, de se lasser, de rêvasser.
Faudrait pas que ça devienne pathologique. Réfléchir, ça fait mal.
Mal au crâne, mal à l’âme.
Mal à l'Ordre et mal à ses forces.
Mal au temps, il agonise.
Il agonise parce que je le prends, je prends mon temps, celui de la réflexion, puis viendra celui de la rébellion.
Ça fait un mois, le rythme a disparu. Je n'y retournerai plus.
Laissez-moi, lâchez-nous, libérez-nous.
Arrêtez ce flot d’infos, ce ruisseau de boulot, des raz-de-médias, ces tsunamis de séries.
C'est cool le divertissement.
C'est épuisant le divertissement.
Il est trop présent, le divertissement.
Dans un monde d’horreurs
Irrité par nos erreurs
Vois puis oublie
Éteins ton cerveau
Réfléchir ? Plus tard
Tard ou jamais.
Ici, rien ne sert de réfléchir.
Sers-nous
Servons-nous les uns, les autres
Émerveille-toi de la beauté humaine
Mens-toi et pense
En sachant que tu n’as pas le temps
Ni maintenant, ni jamais
Servir, nous servir, par ta culture.
Mais aujourd’hui, tout change. J’en ai marre, j’en peux plus, je suis à bout. À bout de tout, à bout de vous.
Juste avant la rupture, avant ma brisure, que ma tête ne se rompe.
Mais ce sont mes liens, c’est votre idée, vos entraves que je romps avant. Ca, c'est la survie, cachée par une avalanche de plaisirs auxquels je suis forcé d’adhérer.
Non.
Non !
Ici.
Là et maintenant.
La Voie Lactée fait volte-face, le sens de la vie retrouve son chemin.
Tout, TOUT revient libre et suit les bonnes étoiles. Un nouveau message m’apparaît, un dogme dans mon ciel clair.
Lève-toi pour tes pensées
Idéalise le monde d'aujourd'hui
Bats-toi, bats-les pour qu’ils soient là ce soir
Écartèle ceux qui battent tes droits
Rugis à l’appel de la nature
Transmute avec tous et toutes
Évoluez vers le meilleur de votre monde.
Je regarde le ciel, une étoile filante entre, puis fuis ce monde fou.
Petite étoile, plus qu’un vœu, une promesse.
Dans 10 ans, tu resteras.
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