"Écrire (au plus) une page (A4) en commençant par la formule empruntée à André Breton : "il me fait jouer de mon vivant le rôle d’un fantôme" (dans "Nadja")." (consigne de Jean-Michel Devésa)
Il me fait jouer, de mon vivant, le rôle d’un fantôme : j’erre dans ce monde, insignifiant, sans laisser de trace, ni d’empreinte, ni même susciter le moindre intérêt, suis-je alors en vie réellement ? C’est ainsi que je suis, comme une petite souris grise qui reste à l’écart et dans l’ombre et même si elle se montre au jour de temps à autre, n’est perçue qu’accidentellement. Il est vrai que la souris n’a pas pour but d’être vue, plutôt le contraire, mais c’est parce qu’elle a peur qu’en faisant peur à d’autres elle sera écrasée, ce qui contrevient à son instinct. Car comment pourrait-elle au juste subvenir au besoin de sa famille de rongeurs avec ses intestins pendant de son flanc, la suivant comme un maudit serpent gênant qui la fait s’arrêter à chaque instant pour prendre un peu de repos. Mais moi, un mammifère plus digne et surtout plus grand vivant dans une société d’hommes qui prétend assurer un cadre de vie qui protège ses membres, je ne crois avoir de tels soucis. Je voudrais donc me montrer, exceller et avoir de la reconnaissance, comme cela doit être le désir de tout être conscient et plus ou moins intelligent, mais voilà, je n’y arrive pas, je n’ai pas été fait comme ça, je n’ai peut-être pas la voix, le physique, la force du caractère ou quoi que ce soit qui éveille l’attention et le maintien. Je m’efforce, tout de même, de faire briller mes capacités mais c’est bien en vain, car enfin, je vais devoir avouer que certains ont bien plus que moi et que le talent ne se répartit pas équitablement.
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