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Photo du rédacteurMarion Daure

Plage d'octobre

Dernière mise à jour : 29 mars 2022

"La Musique des phrases". Écrire (au maximum une page A4) après avoir écouté "Casta Diva" chanté par Callas, l'objectif n'est pas d'illustrer cette "pièce" musicale mais de travailler la musique de votre écriture. (consigne de Jean-Michel Devésa)


La lumière tombe sur l'océan et balaie toute la plage. Le paysage se dilate, déploie l'horizon, des verts, des bleus, des gris dessinent des lignes qui se chevauchent et qui se fondent. La mer est d'humeur légère, elle scintille de joie. Elle roule et déroule ses vagues, les rappelle et les renvoie dans un murmure régulier et reposant. Elle s'allonge, elle s'étale, fait corps avec le sable puis se rétracte en pétillant.

Il fait beau et la plage grouille de monde, les solitaires, les esseulés, les amoureux, d'autres bien seuls bien que deux, ceux qui viennent en famille, enfants joyeux, ados boudeurs, les jeunes s'agrègent. Les mouettes fendent le ciel et piaillent au milieu des rires et des éclats de voix. Quelques courageux se baignent, petites taches éparses en surface. D'autres jouent, d'autres courent, certains marchent, beaucoup sont assis. Il y a ceux qui lisent, il y a ceux qui parlent, un homme chante. C'est un ballet qui s'opère, plein de souplesse et plein de grâce, les silhouettes déliées qui se croisent et se décroisent, dessinent des courbes, des diagonales, mettent la géométrie en mouvement.

Un couple de vieux, main dans la main, longe la plage et brave le temps. Un père défie son fils, raquette en l'air, corps en extension, le fils plonge, la balle se perd dans un bruit mat. D'un trou émergent des pelles qui s'agitent et des tas de sable qui pleuvent. Une toute petite fille là-bas porte, l'un dans le creux du coude, l'autre à bout de bras, des arrosoirs qui tanguent et qui débordent. Elle avance, courageusement, cheveux au vent. Ses pieds s'enfoncent dans le sable, découvrant à chaque pas une empreinte brouillée, à peine esquissée. Elle fend la foule. Elle marche dans le monde, dix-huit mois, deux ans peut-être, tête haute et regard droit. La mer, inexorablement, avance. Une femme filme la forteresse construite par le père et la fille, les douves sont bientôt en eau, les trois observent la lente agonie du château.

Soudain le ciel reprend toute sa lumière. Soudain, le vent s'élève, la mer s'énerve. Elle se tord et se balance, elle se meut dans tous les sens. Les vagues se creusent, les vagues se dressent, elles s'écrasent et avalent tout sur leur passage. Elles s'épuisent et écument de rage puis reprennent leur souffle et repartent gonflées. Des parents courent, courbent leurs corps et se frayent un passage, à contre-sens, contre le vent, pour accrocher la main de leur enfant. La dune ondule, les herbes se couchent. La plage se vide, les ombres, têtes rentrées, s'évadent. C'est la débandade. La tempête éclate de rire et pleure de joie.

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