La journée s’annonçait parfaite : une virée entre amies au bord d’un lac avec pique-nique, baignade et plage au programme. Je n’aurais jamais cru qu’elle puisse prendre un tournant si terrible.
Déjà dans la voiture, alors que je conduisais, j’avais remarqué sa présence sans en penser grand-chose. Je me souciais plus du volume sonore de la radio que je baissais quand nous traversions un village que de le savoir dans notre sillage.
Une fois sur place, nous nous aperçûmes qu’il nous avait bel et bien suivi depuis notre départ. Il était là, quasi omniprésent, à guetter les ombres de tout le monde pour étendre son rayon d’action. Nous nous installâmes, bien en vue, sur la petite plage de sable et sortîmes salades et fourchettes. Il veillait à distance, attendant son heure. Ce n’est que lorsque nous nous allongeâmes sur nos serviettes, après notre immersion dans l’eau du lac, qu’il passa à l’attaque.
Je regrette de n’avoir pas su me protéger mais qui aurait cru qu’il serait aussi violent ? Il était brûlant de rage et nous en fîmes les frais. J’aurais dû le savoir. J'aurais dû être plus vigilante. Ce n’était pas la première fois qu’il m’attaquait. J’avais recroisé sa route plus tôt dans l’année et à cause de cela, je pensais être immunisée. C’est vrai qu’il a une personnalité de feu, le genre qui nous attire irrémédiablement alors que nous savons pertinemment qu’il est fatal de s’approcher. Quiconque le côtoie de trop près réduit son espérance de vie. Et bien que personne ne s’aventure à le regarder dans les yeux, moi, et beaucoup d’autres, ne peux m’empêcher de souhaiter l’avoir à mes côtés. Notre relation est autant salutaire que toxique.
Je garde encore la trace rouge des coups, là où il m’a frappée, sur le ventre, le dos, la nuque, la poitrine et les cuisses. La peau des épaules et des genoux de mon amie était si affectée qu’elle ne souffrait plus de marcher ni de se frotter à du tissu. Son emprise avait été trop forte.
Cher soleil, si je le pouvais, je te rendrais coup pour coup.
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