Rédiger un monologue de 1 page où le personnage tente de convaincre quelqu'un qui ne lui répond que très brièvement et à la toute fin. (consigne de Paul Francesconi)
Sophie Linet, lycéenne de 17 ans
Raphael Loudon, placé à côté d’elle par ordre alphabétique
Sophie - Je n’entends rien c’est pénible. (Regarde par la fenêtre) Cette après-midi je m’en vais. Je ne te demande pas de m’accompagner. N’y vois rien de personnel, être seule c’est tout le but de la démarche. (S’accoude au dossier de Raphael) J’ai fini Into the Wild hier et je ne suis pas sûre d’être d’accord avec lui. Donc je me suis dit qu’il fallait que j’essaie. Tu vois, c’est comme ce cours. Il ne m’intéresse pas car on nous dit trop de choses que je ne pourrais pas vérifier. On fait de l’Histoire mais en soit, l’Histoire c’est une littérature du passé dont on ne cite plus les auteurs parce qu’on part du postulat que ce qu’ils ont avancé était si fidèle à la réalité qu’on n’avait plus besoin de vérifier. Bien sûr, je me doute que certains chercheurs se penchent encore dessus mais personne ne nous demande notre avis sur le déroulement du mariage de Napoléon. Au moins en Français on nous demande de vérifier. (Prend une voix haut perchée) Prouvez à l’aide du texte que le personnage principal est déshumanisé. Et même là, c’est loin d’être passionnant … Non, vraiment, je m’en vais. Ils disent tous que l’herbe a l’air plus verte ailleurs sans jamais vérifier si c’est vrai. Pourquoi se fient-ils tous autant à l’expérience des autres ? Comme si j’allais réagir de la même manière que Jean-Louis, symbole du patriarcat de 50 ans, qui trompe Mireille à Bali une fois par mois en voyage d’affaire. Et si je reste, je vais finir comme eux. Pas spécialement comme Mireille et Jean-Louis mais comme eux tous, enduits d’ennui, englués de présupposés. Tu penses que ça a quelle couleur un présupposé ? Moi je vois ça plutôt orange foncé. (Dessine un présupposé sur la feuille où Raphael tente de noter son cours) Je ne pense pas avoir de problème de confiance. Non mais parce que tu sais, à m’entendre, c’est ce qu’on pourrait croire. En fait, c’est juste que je crois que les gens sont un peu cons. Tu vois, monsieur Deuvut par exemple, je ne crois pas qu’il veuille sciemment nous faire courir trop longtemps, seulement, quand on considère qu’il y a 100 secondes dans une minute, on peut faire plus de tours de stade, forcément. (Soupire) Après, je ne pense pas être plus futée qu’eux non plus, ce n’est pas ce que je dis ! Enfin sauf peut-être monsieur Deuvut parce ce que là quand même… Simplement, contrairement à eux, je sais que je suis une énorme truffe donc je me contrecarre. Si je crois trop en quelque chose je me force à objecter, à me dire « Okay, alors prouve-le Sophie ». (Regarde Raphael qui range consciencieusement ses affaires)
Tu devrais essayer tu sais.
Raphael - Oui, enfin la semaine dernière quand tu as voulu vérifier la poussée d’Archimède, tu t’es enrhumée.
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