On dit qu’on désire ce que l’autre possède
Et ce que l’on n’a pas soi-même
Moi je dis que c’est on ne peut plus faux !
On désire en vérité ce que l’autre n’a pas
Pour mieux se démarquer de l’autre
Et le rendre d’autant plus jaloux !
Pour ma part je n’ai qu’un seul désir
C’est de ne rien désirer du tout
Entre jalousie et hypocrisie
Comprenez entre chien et loup !
À vrai dire, moi je ne désire rien
Ni la gloire, ni le succès
Ou le moindre petit soupçon même de notoriété
Ni non plus la femme du voisin
Qui est pourtant belle à damner un saint !
Ni non plus entrer un beau jour
Dans le saint des saints !
Ni l’argent facile
Ni non plus l’argent mérité
Ni la santé
Puisqu’il est désormais trop tard pour espérer
Quoique ce soit de ce côté-là...
Ni non plus l’éternité !
Non, à bien y regarder
La seule chose en cet instant précis
Que je désire par-dessus tout
C’est le désir en lui-même !
Desiderata pour la femme que l’on aime
Mais qui bien entendu
Ne nous le rendra pas vraiment
D’autant plus qu’elle ne nous aime pas
Ou plutôt qu’elle ne nous aime plus
(Du reste, nous a-t-elle un jour réellement aimé ?)
Et elle nous laisse là
À moitié crevé dans un désert
Et assoiffé
À mi-chemin entre le désir et l’errance
Autrement dit en pleine désirance
Ou plutôt en pleine déliquescence
Les amis
La famille
Les amours
Rien n’est digne d’intérêt à mes yeux
Et ne dure jamais dans le temps
Alors à quoi bon désirer ?
Ce poème-ci ?
Oui peut-être…
Qui sait !
Au fond je désirerais bien
Que d’autres que moi le désirent
Ça me ferait même du reste
Vraisemblablement plaisir
Ça flatterait mon ego comme on dit !
Mais en vérité je ne force rien
Ni personne
Je n’attends rien
Je n’espère plus rien
Ni non plus ne réclame quoi que ce soit
Que je n’ai déjà
Je ne désire absolument plus rien
Rien en tout cas de plus
Qui n’en vaille réellement la peine
De se perdre en désirétude
Non, moi ce que je voudrais
Mettre en avant
C’est l’absence de désir
Dans ce monde-ci
Et dans l’autre
De notre jeunesse
De notre humanité
Le manque par-dessus tout
D’envie, de Poésie, de volonté
La posture idéale restant probablement
Celle de l’attente
Les bras croisés
Devant un écran blanc
Et un clavier devenu silencieux
Alors attendons !
Le désir au fond viendra bien de lui-même
Ou sans doute comme je vous l’ai expliqué plus haut
L’absence de désir viendra
Au plus profond de la Nuit
Aussi sûrement
Que les pompiers vont à l’incendie…
XK (08.06.21) Champtocé/Loire (à l’usine, un matin de migraine)
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