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Photo du rédacteurMaxime Gelineau Coste

T comme Truffaut

Dernière mise à jour : 29 mars 2022

“Inquiétant”. Écrire au maximum une page A4 “inspirée” par ce tableau inquiétant de Balthus. (consigne de Jean-Michel Devésa)




J’étais dans les rues de Paris, avec mon fils François. Il n’allait pas tarder à faire nuit. Le dernier métro allait arriver dans une vingtaine de minutes, juste le temps que François et moi terminions notre promenade dominicale en me remémorant quelques souvenirs. François avait dix ans, il était en pension à Deauville et y repartirait le lendemain de cette promenade. Je n’allais pas le revoir avant plusieurs semaines. Il ne me ressemblait pas, il était très calme, tout le contraire de moi. À son âge, je faisais les quatre cents coups. Je séchais les cours de pension et réussissais à m’y échapper en mentant. Qu’est-ce que j’avais menti, une fois j’avais dit que maman était morte. Elle avait aussitôt répliqué à coup de gifles avec mon beau-père. Plusieurs fois je m’étais trouvé au piquet parce que je n’arrivais pas à me contrôler. J’étais l’enfant sauvage de la classe. Tellement que je ne me gérais pas et dérangeais le cours, on m’emmenait chez le concierge de la pension. Nous passions devant un cinéma, je dis à François que ce cinéma était particulier pour moi. Quand j’avais son âge, on entrait par l’arrière du bâtiment, et on avait accès aux salles en passant par des couloirs labyrinthiques. On ne payait pas la séance, et lorsque la nuit tombait, malgré les grilles du cinéma, je m’amusais à détacher des affiches de films, des photos de tournage et les volais. Aujourd’hui, les affiches sont sous des plaques de plexiglas, ce qui rend le vol comme un défi corsé. Puis nous passions vers mon premier véritable logement. La femme d’à côté était Colette à l’époque, ma première idylle, mais Antoine et Colette, c’était sans succès. Mais j’avais passé plus de temps avec Christine. Nous avions fait une partie de notre chemin ensemble mais avec un échec cuisant à la fin. J’avais tout ruiné… J’étais l’homme qui aimait les femmes. Plus loin dans la rue, je voyais une librairie. Je disais à François que son papa avait écrit un livre. Je lui montrais du doigt le livre écrit par Antoine Doinel qui était exposé en vitrine juste à côté de Fahrenheit 451. Ce livre racontait toute ma vie, jusqu’à la rencontre avec Sabine, sa mère. François me demandait comment j’avais rencontré Sabine. C’était dans un bistrot, j’avais trouvé une photo déchirée en plusieurs morceaux. C’était elle sur cette photo. Apparemment, l’individu rompait avec elle. J’avais alors reconstitué la photo et je l’avais trouvée. Elle était vendeuse de vinyles chez un disquaire. Disquaire qui se trouvait juste en face, mais désormaisil y avait une brasserie à la place qui se nommait Tirez sur le pianiste. On s’embrassait dans la boutique sur la chanson d’Alain Souchon, L’amour en fuite. On l’aimait cette chanson. On rayait, craquelait, usait le vinyle tandis que le diamant se détériorait tellement on mettait ce 45 tours en boucle. Dans le métro, François regardait avec des étoiles dans ses yeux ce qu’il avait acheté avec l’argent de poche, le 33 tours d’Oxygène. Tandis que moi, je regardais le paysage avec cette nuit bleutée, telle une nuit américaine en me remémorant ces paroles de la chanson de Souchon écrite par Laurent Voulzy. Ça faisait : Nous nous on a pas tenu le coup. Bou bou ça coule sur ta joue. On se quitte et y a rien qu'on explique. C'est l'amour en fuite. L’amour en fuite. Des paroles tristes mais qui résumaient ma vie.



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