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Photo du rédacteurGarance Accily

Une muse inattendue

Dernière mise à jour : 29 mars 2022

"Carnation". Écrire au maximum une page A4 “inspirée” par La Grande Odalisque d’Ingres. (consigne de Jean-Michel Devésa)



Une carnation de perle : telle fut sa première pensée lorsqu’il vit la délicate silhouette de la jeune fille s’attabler à la table voisine, visiblement trop rêveuse pour le remarquer.


Une peau blanche comme neige, une chair crémeuse, un teint de lys… Son petit poète intérieur savourait déjà le thème tout trouvé pour laisser chanter son amour du lyrisme littéraire : tout et n’importe quoi était prétexte pour célébrer intérieurement la beauté et la puissance des mots.


Pour en revenir à la fille, à la blancheur de sa carnation venait s’y associer une autre couleur, tout aussi délicate : du rose, un fin rosé qui se ressortait surtout au niveau de ses joues. Le charme personnifié d’un léger rougissement on ne peut plus naturel.


Perdu dans sa contemplation, sa muse improvisée trop occupée à savourer son café pour lui accorder le moindre regard, il essaya alors de s’imaginer ce qu’elle pourrait représenter au cœur même de la sensualité.


Curieusement, la première image qui lui vint en tête fut la vision de son corps de dos, et non de face : reposant sur son côté gauche, entièrement dévêtue, le haut de son corps courbé vers le ciel, une jambe tendue et l’autre pliée par-dessus, elle donnait l’impression de danser. Une danse exquise qui promettait bien des plaisirs, un prémisse d’érotisme de la chair…


Une douce lueur venait baigner la peau laiteuse de son égérie, mais comment nommer ce genre de lumière ? Le soleil ? Ou bien une lampe tamisée ? Non, ça ne pouvait pas être ça : c’était une sorte de halo de la couleur d’un brouillard matinal… La lune, peut-être ?


Oui… La lune pourrait correspondre à la lumière diffuse de la scène ; et puis, ne disait-on pas que la lune était le symbole par excellence des artistes ?


Il se replongea alors une nouvelle fois dans sa rêverie libertine : à demi-allongé sur son flanc, lui tournant le dos, la jeune fille avait seulement la tête tournée vers lui, ses lèvres empreintes d’un sourire des plus mystérieux. Qu’essayait-elle de lui dire ? Etait-ce une douce ironie pour se moquer gentiment de son extase silencieuse de poète ? Ou était-ce un encouragement muet de lascivité pour encourager le désir entre eux ?


Son esprit s’échauffait davantage lorsqu’il s’imagina le reflet de la lune éclairant la peau d’albâtre de son inspiratrice : un teint si parfait, plus blanc que n’importe quel marbre rosé italien, plus pur que n’importe quel diamant… Une carnation immaculée symbolisant, pour lui, l’élégance suprême d’une femme. Surtout chez une jolie femme.


Pourtant, c’était drôle comment la mode du teint féminin avait radicalement changé : désormais, on préférait les peaux bronzées par rapport aux peaux pâles. Des magazines prétendaient que le bronzage donnait l’allure d’une meilleure santé, une chose que la blancheur niait en bloc… Un préjugé stupide qui, pour son poète intérieur, venait tuer l’inspiration de sa littérature lyrique.


En quoi la carnation féminine pourrait-elle étouffer dans l’oeuf la folie érotique habitant secrètement chaque être humain ? Peu importe la couleur, le grain de peau de chaque femme ne les privait jamais de leur beauté.


Tiens, voilà que sa muse venait enfin de tourner la tête vers lui… et elle lui souriait ? Mais oui, c’est bien lui qu’elle regardait ! Et ses joues rosées avait pris un délicieux coloris rouge… Adorable. N’était-ce donc pas sa chance pour enfin aborder son égérie improvisée ?



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