top of page
  • Photo du rédacteurManon

Correspondance ratée

Lauréate du Petit Prix Littéraire FABLI 2022 🏅

Consigne : Écrivez un texte de la forme de votre choix sur la citation suivante : « La parole doit sortir du cœur et non de la bouche » Colette Magny


Lucas, 18h37 :

Salut Lara ! J’ai encore ton CD au fait ! Tu l’avais oublié l’autre soir.


Lucas, 19h45 :


Je n’ai pas pu m’empêcher d’écouter. Je ne pensais pas que c’était aussi bien pour une artiste de ce temps-là. « Melocoton », « Les Tuileries »... C’est génial !


Lucas, 20h38 :


Mais... c’est quand même déroutant... « La parole doit sortir du cœur et non de la bouche ». Ça me préoccupe...


Lucas, 21h59 :


J’écoute cette dame en boucle. Colette Magny. Comme tout le monde, je la crois dépassée, d’un autre temps. Mais ce qu’elle chante avec tant de passion ne peut qu’être vrai. Cette phrase tourne en boucle dans ma tête depuis des heures, « La parole doit sortir du cœur et non de la bouche. ». Elle en dit tant sur notre société. On parle beaucoup par SMS, par téléphone, par les réseaux sociaux. On vit dans une véritable société de communication constante. On ne doit que liker, partager, zapper et mater pour plaire à tout le monde. On veut aller vite, trop vite. On cherche. On se fend dans la masse, on se gave d’info ou

d’intox. Peu importe ce que l’on pense, peu importe ce que l’on est. On est pris dans le moule, inexorablement. On se croit exister et en fait, non c’est tout le contraire. C’est dur de voir que l’homme d’aujourd’hui n’est que du vide. On parle sans vraiment parler. C’est toujours au nom de la collectivité. Le poids des autres nous oblige à taire ce que nous avons sur le cœur. Je veux penser, je veux « être », tout simplement.


Lucas, 22h35 :


Ça m’obsède... Il faut que je te dise quand même. J’ai ça sur le cœur. Je t’ai menti. Des filles comme toi, il n’y en a pas deux. Quand je te vois avec tes longs cheveux d’or, je me dis que tu restes mon unique richesse. Je rêve de toi à chaque instant. Je ne saurai pas expliquer. Je veux que tu sois mon tout. Parler... Parler, ce n’est pas agir. Comment un homme peut-il rester indifférent à ton regard de braise, cette grâce de déesse ? C’est peut-être stupide, peut-être fleur bleue... Mais je veux être heureux à tes côtés. T’écouter rire, me raconter tes journées. On est peut-être trop jeunes, mais au fond, doit-on attendre ? Doit-on réagir en fonction d’une société trop bavarde mais passive ? Doit-on cacher ce qu’on a sur le cœur ?


Lucas, 23h26 :


Mon père disait souvent que ce qui sort de la bouche n’est que mensonge et folie. Tout ce qui sort du cœur est vrai, sans alentour. Je ne pense pas être le meilleur mais je sais que tu es la seule pour moi. Tu es partout. Un amour pur comme celui-là, il n’en existe pas. Balzac disait : « Mon père m’a donné un cœur, mais vous l’avez fait battre. ». Oui, je sais, Le Père Goriot. Ton roman préféré. Mais tu dois dormir. Je vais donc rêver de toi, ma belle ingénue. Ta voix est la plus douce des chansons.


Numéro Inconnu, 8h09 :


Salut Cyrano, tu t’es trompé de numéro. Ne t’en fais pas, ta copine ne le saura pas !

15 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout

Un pas après l'autre

Vous souvenez-vous de votre première fois devant un public ? Le trac qui vous envahissait au point d’avoir la nausée ? Aujourd’hui encore, j’en ai mal au ventre. Chaque expression en public est un vér

Le poids des mots

Ecrire une microfiction à partir de celle de David Thomas Tu devrais écrire

Carnet

Faire rouler le stylo sur la feuille, raturer, faire des fautes pour finalement tout effacer, c’est ça écrire une histoire. On imagine le lecteur créer à sa guise l’atmosphère et les lieux. Mais la qu

bottom of page