Grand Prix au Festival de Cannes 2021
Adaptation du livre éponyme de Rosa Liksom, sorti en 2011
Laura (Seidi Haarla), étudiante finlandaise séjournant en Russie dans le cadre de ses études, décide de partir de Mourmansk à Moscou pour découvrir des pétroglyphes. Dans le train à destination de Moscou, elle va séjourner pendant quelques jours dans le compartiment numéro six avec Vadim (Yuriy Borisov), un russe alcoolique allant à Moscou pour travailler à la mine.
Juho Kuosmanen réussit à faire un road-movie à travers une Russie très enneigée mais sublime et différente en fonction des villes. Une vision plus intimiste de la Russie qui tend au spectateur une invitation au voyage. Le grain de la pellicule 35mm adoucit ces paysages rendant la photographie plus douce et envoûtante. Le film est essentiellement constitué de plans séquences à la caméra épaule, ce qui rajoute de l’immersion. Le spectateur est amené à voyager dans ce train menant à Moscou, en présence de Laura et de Vadim. Plus d’une heure quarante montée de manière minimaliste rendant le voyage, un peu trop, contemplatif. Voyage voyage de Desireless ici prend un nouveau souffle et reste dans la tête du spectateur bien après la projection malgré le fait que l’absence de musique à certains moments se ressent.
Derrière ce road-trip se trouve Laura et Vadim, deux personnages totalement opposés sur le papier mais qui au fur et à mesure de ce voyage vont se rapprocher et découvrir l’un l’autre. Compartiment N°6 reste dans la veine d’un Lost in Translation de Sofia Coppola, c’est-à-dire qu’il n’exagère pas sur la relation des deux personnages mais il laisse le voyage écrire leur histoire, la rendant contemplative mais belle ainsi que réaliste grâce à Seidi Haala et Yuriy Borisov qui crèvent l’écran de part leurs très bonnes performances.
Film financé par quatre pays (Allemagne, Estonie, Finlande, Russie), Compartiment N°6 est l’exemple d’un film qui a rencontré des difficultés à trouver les financements nécessaires pour rendre ce film existant. Difficultés mais récompensés à travers le prix à Cannes suscitant une plus grande exposition médiatique et dans les salles de cinéma à travers le monde. Un prix qu’il ne démérite pas puisque Compartiment N°6 est une bonne surprise de l’année 2021. Il n’est pas parfait ou bien excellent, mais c’est le genre de film qu’il faudrait plus souvent avoir dans les salles parce qu’il apporte une bouffée d’air frais au cinéma, il fait découvrir un autre cinéma plus auteur et indépendant. En d’autres termes, un feel-good et road-movie comme on aimerait en avoir plus souvent.
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