Oh que oui qu’il nous a mis la fièvre le dernier film de Kirill Serebrennikov sorti en 2021, et aussi un drôle de mal de crâne à tenter de résoudre ce casse-tête non pas chinois mais bel et bien russe (à moins bien entendu que ce ne soit l’alcool) ! Tout est étrange du début à la fin dans ce film, néanmoins les morceaux se mettent peu à peu en place tant bien que mal et plus ou moins dans l’ordre (car tout est donné dans le désordre, en vrac comme dans un souk tchétchène), on oscille entre rêve et réalité avec d’incessants allers retours entre les deux si bien qu’on en perd le fil de l’histoire et aussi toute notion de réalité.
On en sort pour ne pas dire totalement abasourdis. Le film est étrange, oscillant entre le cinéma d’auteur et le film punk/métal à petit budget. La bande son est tout aussi déjantée, et c’est tant mieux du reste, elle colle ainsi on ne peut mieux avec le sujet. La fièvre de Petrov nous raconte la virée alcoolisée et fiévreuse de ce dernier avec un ami de beuverie dans une ville russe lambda et triste en plein hiver durant plusieurs jours et plusieurs nuits.
J’ai comme l’impression que le réalisateur a voulu fondre plusieurs genres en un seul, ce qui en fait un objet cinématographique aussi original qu’indéchiffrable, pour ne pas dire un OVNI ou plutôt un FBNI (film bizarre non identifié) ! Quand on sait que Serebrennikov s’est inspiré du roman homonyme d’Alexeï Salnikov on hésite à jeter coup un œil averti au livre afin d’y trouver des semblants d’explications pour mieux éclairer nos petites lanternes somme toute par trop européennes.
Par exemple pourquoi on voit autant d’hommes et de femmes à poil dans le film sans a fortiori forcément de raison ? À vrai dire je n’ai jamais vu autant de gens à poil même dans les films de boule ou au Cap d’Agde ! Sans parler du défilé de pénis en représentation pour je ne sais quelle pub ou défilé de mode minimaliste. Je cherche encore une quelconque explication à tout ceci. On peut aussi se poser la question de cette femme serial killer... Au fond le film parle de quoi, de Petrov ou de cette dernière ou bien encore des deux ou bien même pire, de ni l’un ni l’autre ?
Bref tout ceci est déroutant et quelque peu dérangeant et je ne serai pas surpris que les spectateurs occidentaux ont eu du mal à en saisir le sens. Car même avec un « petit bagage » de culture russe (cinéma, histoire, littérature, musique etc.), j’ai eu bien du mal à m’en dépatouiller…
C’est aussi un peu le but de cette critique ici, en même temps nous n’étions que deux dans la salle de cinéma : seulement Szilard, mon ami hongrois et moi. Ceci explique sans doute cela. Passées les premières interrogations nous avons une fois rentrés chez nous, ou plutôt chez moi, autour d’une bonne vodka (Russie oblige !) et de quelques bières (en provenance du même pays), et histoire aussi de me faire pardonner un peu pour ce « grand moment de cinéma » ; tenté de refaire non pas le match mais le film. Mais hélas c’était peine perdue...
La conclusion qu’on en a tirée, c’est qu’après plusieurs heures et plusieurs verres pourtant, nous n’y voyions pas plus clair pour autant et qu’il reste encore à ce jour de nombreuses zones d’ombres dans notre esprit. Zones d’ombres que nous ne nous efforcerons pas d’éclaircir cependant, préférant laisser cet épineux problème à d’autres, bien plus calés que nous sur la question (pour ne pas dire des spécialistes du cinéma strange slave)…
Pour ne pas dire j’étais un peu déçu (bah si du coup je l’ai dit, mince ! Mais en même je pense que vous l’aurez compris) car j’avais adoré Leto, le précédent film décalé, graphique et rock’n roll de ce dernier, mais là, quelle déception ! À quoi bon ce film sinon à faire un film encore plus barré et paumé et à nous perdre bel et bien ? Bref un film à très vite oublier, et dont au final je n’aurai retenu que la soirée qui s’en est suivie avec mon pote hongrois, rentré depuis au pays et à qui je dédie cette petite critique cinématographique post-soviétique et « apocalyptique » : toutes mes excuses мой брат (moï brat = mon frère) ! Mea Maxima Culpa...
XK (Limoges, le 11.01.22)
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