Putain, y’a pas à tortiller du cul : L’opium du peuple, c’est le football ! Surtout en ce contexte de crise sanitaire mondiale, où nos grimaces et nos rires jaunes se cachent derrière des masques ! À croire qu’on a tous chopé la jaunisse, ou la « délisionnite » aigüe.
Regarder des gars courir derrière un ballon, taper dedans à gagner des millions, c’est notre bouffée d’oxygène, notre came. Comprenez que ça nous enchante et qu’il n’y a rien d’autre de mieux à la télé (à se demander pourquoi on paie un abonnement) ou bien à faire dans ce monde qui part en totale décrépitude, ou plutôt en sucette, bien que ce ne soit pas des Chupa Chups saveur Coca-Cola et qu’elles gardent au fond de la gorge comme un goût amer. Un goût de lendemain de fête un peu trop arrosé où on sort du lit avec un terrible mal de crâne. Et le comprimé effervescent n’y pourra rien…
La planète ne veut plus de nous, sinon pourquoi tout ce cirque ? Des jeux, des jeux ! Mais surtout il faut bien penser à payer son abonnement, son réseau câblé, Canal +, Canal Sat, Be in sport, RMC sport, Téléfoot. Quel micmac ! Chacun y met son grain de sel et se spécialise dans tel championnat ou tel pays. Pour être dans le coup, on peut même en cumuler deux ou trois et prendre l’abonnement sport + histoire de savoir de quoi parler au boulot le lundi avec les collègues de bureau. C’est la petite guéguerre à laquelle se livrent chaque année les chaînes de télé. Pour racheter les droits des uns et des autres. Voilà ce qu’est devenu le foot, une histoire de pognon, de merchandising, de diffusion.
Avant le foot c’était diffusé sur les chaînes publiques, on pouvait suivre les matchs de Ligue des Champions, mais ça c’était avant (non je ne fais pas de pub pour Krys). Il y a aussi les magazines spécialisés (L’équipe, France Foot, Onze Mondial, So Foot), les plateaux télés (Télé Foot, Canal Football Club, Jour de Foot, 100% Foot)… qui commentent les matchs avant les matchs et qui commentent les matchs après les matchs, autant dire que pour un seul et même match on se tape avec bonheur et délectation des dizaines de scenarii possibles. Sauf bien entendu celui du match véritable. C’est comme avec les paris en ligne, on a une chance sur trois de remporter la mise, ça serait trop facile sinon ! D’où les nombreux sites de paris en ligne (et les pubs qui vont avec), business is business…
Avec des si on pourrait refaire le monde, et si l’arbitre avait sifflé pénalty, et si ceci, et si cela, et s’il avait fait moins chaud, si le terrain avait été moins lourd, et si la Covid19 n’était qu’un mauvais rêve, et si, et si, ô mon Dieu, si le foot n’avait jamais existé ? Comment ça ? Alors pas de main de Dieu ni de Dieu lui-même ? Pas de Messi annoncé non plus pour tous nous sauver ? Pas d’espoir, ni non plus aucune espérance dans cette vie ? Pas de rédemption possible ? Comme si l’autre cruche avait pris soin de vider complètement la boîte de Pandore en la refermant. Allez zou l’espérance ! Du balai, du vent ! Mais non le foot existe bel et bien, Alléluia ! Mais hélas aussi toute cette connerie de confinement, de pass sanitaire, de terrasses de café et de restos fermées. De culture tombée en déliquescence, ô pauvre France, connue pourtant pour être le berceau de la culture et de la Liberté. Liberté qui du reste semble se rétrécir un peu plus chaque jour comme neige au soleil ou comme une peau de chagrin (dédicace à Balzac ceci dit. Balzac c’est qui ce boloss ? Il joue dans quel club et à quel poste ? Jamais entendu parler de lui, je suis sûr qu’il est même pas dans Fifa 21 !).
Alors en attendant on vit notre vie par procuration à travers les petits potins people des stars du ballon rond : CR7, Messi, Pogba, Ibra, Neymar et toute la smala. Ça nous fait notre feuilleton télé et même tout notre été. Même les journaux télé et la presse s’en mêlent. À savoir qui de Messi ou de Ronaldo sera ballon d’or (une fois n’est pas coutume encore cette année), ou si enfin cette fois un outsider parviendra à tirer son épingle du jeu. Si Mbappé restera ou restera pas au PSG (question à laquelle les Normands, toujours très calés sur la question, répondront ptêt bin que vi, ptêt bin que nan)… Et surtout si le PSG cette année parviendra à décrocher la timbale, à savoir le très saint Graal de la Ligue des Champions derrière lequel il cavale depuis un peu plus d’une décennie maintenant.
Entre illusion et désillusion, les matchs retransmis à la télévision sont notre traînée de poudre, notre aiguille et notre trip artificiel ! Notre pipe de Hash et notre bang ! À mi-chemin entre le gang-bang, le Big Bang et l’orgie romaine ! Du pain, du vin, du Boursin, prône une pub à la télé ; comprenez donc pour tous les camés du ballon rond : de la pizza, de la bière et du foot à la TV à profusion ! Pour mieux nous anesthésier le cerveau. En veux-tu en voilà des Uber Eat, des Just Eat, des Deliveroo à gogo ! Au fond, on n’est pas si loin que ça des jeux romains où les hommes s’entretuaient dans une arène, sur le sable chaud, et sous un soleil de plomb… Les footballeurs ont troqué la tunique du toréador contre un short et un maillot haut-le-corps couvert de sponsors et un numéro dans le dos. Ah ça, ils ont fière allure nos spartiates impartiales ! Sauf que des footballeurs en shorts et en crampons ont remplacé aujourd’hui les gladiateurs antiques, les Thraces et les tartempions ! Ce sont nos athlètes à nous, nos gladiateurs modernes, sauf qu’ils ne risquent pas leur vie sur un terrain, au pire une fracture, un ménisque froissé, mais après une opération ou deux ils courront de nouveau comme des lapins de garenne !
C’est la course à l’inflation, des millions, des millions ! Le foot fait tourner bien des têtes, tout le monde n’a d’yeux que pour ça aujourd’hui. C’est ce qui fait réellement bander notre humanité ! Les Qataris, les Russes, les Saoudiens, tous les milliardaires dans chaque pays, les consortiums, les riches oligarques, les magnats du pétrole, tous ces nouveaux riches, à s’enrichir sur le dos de millions de gens, aussi pauvres que vous et moi. Mais que voulez-vous, on aime ça et on en redemande encore ! Des Jeux, des jeux ! On lève notre pouce en l’air, on vocifère ! Tous les ans ou presque c’est le même cinéma, la coupe de France, le championnat, la coupe de la ligue comme si ces deux compétitions-là ne suffisaient pas. Puis bien entendu le calendrier de l’équipe nationale. Les matchs de coupes d’Europe, la coupe aux grandes oreilles, la coupe aux petites oreilles pour la médaille au chocolat, comprenez les oreilles de Mickey (made in USA). Celui qui nous la met bien profond, mais pas d’inquiétude voulez-vous, si on arrive à lui tirer la queue on a droit à un tour de manège gratuit ! Putain, mais quelle connerie ! Et pendant ce temps les gouvernements font passer leurs lois à la con, comme ça en scred, comme une lettre à la poste ! C’est d’ailleurs dans les victoires que l’on voit toujours nos très chers dirigeants, à faire des courbettes, des sourires niais devant les caméras braquées sur eux dans le seul but de faire remonter la courbe pourtant pas bien haute de leur popularité (bizarre on ne les voit jamais s’afficher dans la défaite). Rien de tel qu’une victoire dans une compétition de football intercontinentale pour redorer son blason et faire soudain l’unanimité. C’est aussi simple que ça la politique au fond, elle prend par bien des aspects la forme et la trajectoire d’un ballon rond…
Le foot est un puissant antalgique, un profond somnifère un GHB dissimulé. C’est l’opium du peuple ni plus ni moins ! Celui qui nous fait tout oublier comme ça, par miracle ou par magie. Sauf que les problèmes ne vont pas s’évaporer d’eux-mêmes… C’est formidable, allez les Bleus, ramenez la coupe à la maison qu’on chante tous à l’unisson comme des couillons ! C’est le tube de l’été et le carton plein en Russie, pas de bérézina en vue cette fois-ci, ni de retraite de Russie ou de Krisna bis (bien que la Russie se situe pourtant à des latitudes plus propices), mais au final c’est le peuple français qui se l’est fait mettre dans le fion… quelle désillusion. Alors oui, de la poudre aux yeux ou plutôt de la poudre de perlimpinpin on s’en met plein au visage, on se poudre le nez avec à la manière de filles faciles et vulgaires qui se maquillent comme des voitures volées.
Parfois les footeux côtoient les deux, comprenez l’argent et les filles faciles, ou plutôt celles intéressées. Les scandales sont monnaie courante et ont la belle vie (Zaya et Ribery, Benzema et tutti quanti !). Conspiration, conspuassions, constipation, l’opium nous a hélas rendu accro à toutes ces conneries. Et nous on court derrière tous ces mirages, ces nuages en pagaille. Cette poudre blanche que l’on fume et que l’on inhale. Que l’on boit et que l’on ingurgite en intraveineuse ou bien encore en télé-vénéneuse, jusqu’à plus soif, jusqu’à la lie. Comprenez jusqu’à l’hallali ! Mais n’oubliez pas qu’Allah est grand et que lui aussi bénit toutes ces conneries…
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