Que dire de ce film ? Là encore une violente claque ! Je semble les cumuler ces derniers temps, et ce n’est pas pour me déplaire. Bien au contraire puisque c’est seulement pour le plaisir des yeux et aussi façon de parler. La bande-son est superbe et décapante, elle donne le ton d’entrée, le film s’ouvre sur une chanson de Rammstein et se clôt également sur la même chanson histoire de boucler la boucle. Le film de Lukas Moodyson (un écrivain et cinéaste suédois très engagé pour la cause féministe entre autres) nous embarque dans une aventure bien poisseuse mais hélas ô combien réelle dans les bas-fonds d’une banlieue ex-soviétique laissée à l’abandon après l’effondrement de l’URSS. Il n’y a guère que les Beatles à pouvoir chanter haut et fort Back in a USSR avec un semblant de joie ! En vérité tout s’est écroulé du jour au lendemain, il n’y a plus de travail et absolument rien à faire pour combler ses journées vides. Aussi tout le monde quitte le navire en perdition, et en premier lieu la mère de Lilya, l’héroïne du film âgée de 16 ans jouée par l’étincelante Oksana Akinshina ; qui part pour le rêve américain avec son nouveau mari, en laissant derrière elle sa fille. Qui se trouve ainsi livrée à elle-même, sans un sou en poche, sans foyer bientôt car expulsée de chez elle par une tante malintentionnée. Son nouveau beau-père ne voulant pas d’elle en vérité, sa mère fait les démarches pour l’abandonner et retirer son autorité parentale. Bref, son parcours va de mal en pis, et on ne sait véritablement pas où va véritablement s’arrêter sa chute. Ou plutôt si on le devine que trop bien, c’est même gros comme une maison : la jeune fille va se livrer à la prostitution occasionnelle… Elle quitte les bancs de l’école ainsi que l’appartement où elle vivait avec sa mère. Dans tout ce joyeux bordel merdique de la vie, sa seule consolation sera l’amitié qu’elle nouera avec un garçon plus jeune qu’elle, Volodya, au parcours accidenté lui aussi. À sniffer de la colle tous les deux pour se déconnecter du monde réel. À se contenter de peu pour vivre et à s’illusionner sur leur avenir pour mieux s’évader des turpitudes sombres de leur quotidien (des parents absents ou bien violents). Ces deux jeunes sont livrés à eux-mêmes et au monde de la rue, le dénouement ne pouvait qu’en être dramatique voire même tragique. Lilya rencontre un homme, elle en tombe amoureuse, ce dernier l’entraîne loin de son pays en Suède en lui faisant miroiter une vie plus facile et libre, mais en réalité il la mènera en bateau, et elle se libère d’une prison pour rejoindre un enfer encore plus grand, celui de la prostitution organisée à grande échelle, celui du trafic des femmes de l’est… En un mot sombre et poétique tout à la fois, on se prend de pitié pour les deux personnages, on voudrait qu’ils s’en sortent et leur crier de ne pas tomber dans le panneau tête la première ! Mais hélas ils ne nous entendent pas… C’est bien triste. Le sujet est brûlant et toujours d’actualité malheureusement et il ne tient qu’à nous de dénoncer tout cela. La misère, la prostitution, les galères… Tout cela nous amène forcément à réfléchir. C’est bien là le but d’un bon film, non ? En ce sens, je peux donc affirmer sans trop me tromper que Lilya 4-ever est vraiment un très très bon film ! Je vous le recommande vivement.
Lylia 4-ever
Dernière mise à jour : 29 mars 2022
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