On The Rocks
Film sorti en 2020 sur Apple TV +
« – Peut-être que mon mari ne s’intéresse plus à moi…
– Impossible. Sais-tu qu’une femme est au sommet de sa beauté entre l’âge de 35 et de 39 ans ?
– Ouais, génial. Donc en fait, il me reste plein de mois. »
Laura (Rashida Jones) est une écrivaine qui souffre de la page blanche. Dean (Marlon Wayans), son mari, est très occupé par son travail et est très absent en raison des multiples voyages d’affaires que son boulot lui demande. Malgré son talent d’écrivaine, Laura vit une routine : elle va chercher ses deux filles à l’école, fait semblant d’écouter les autres mères… sauf qu’elle s’ennuie sans Dean et le soupçonne même qu’il la trompe. Felix (Bill Murray), son père, va l’embarquer dans une aventure dans New-York (mais pas que) pour trouver la réponse à cette question : Dean trompe-t-il Laura ?
Le retour de Bill Murray devant la caméra de Sofia Coppola était très attendu. Deuxième collaboration depuis l’excellent Lost in Translation sorti en 2003 (troisième collaboration en comptant le médiocre téléfilm Very Murray Christmas disponible sur Netflix), On The Rocks n’est ni une suite spirituelle de Lost in Translation, ni son remake. Néanmoins, quelques plans et séquences nocturnes peuvent faire penser à Lost in Translation. (Ce dernier avait comme idée de montrer comment Bob Harris (Bill Murray) arrive-t-il à se débrouiller dans cette ville étrangère pour lui qui est Tokyo, alors qu’il ne connaît personne et ne parle pas le japonais ; en d’autres termes, comment on se débrouille dans un pays dont on ne connaît aucune notion.) On The Rocks n’a pas cette idée, le film évoque les doutes qu’on peut avoir vis-à-vis de l’autre et c’est ce qu’il fait sa trame narrative pendant plus d’une heure et demie, mais pas que. La relation père-fille est nettement mise en avant contrairement à la relation mari et femme. Le duo Murray/Jones a plus de complicité que celui de Wayans/Jones.
Le très bon Bill Murray joue un père encore séduisant pour les femmes mais qui a une vision des femmes, datant des années 50, qui ne peut plus plaire aujourd’hui au 21ème siècle. Un père qui n’a pas été présent dans la vie de Laura et qui cherche à passer plus de temps avec elle d’où la création de cette aventure. Rashida Jones joue une mère et une femme intelligente, hésitante sur des points mais qui veut aller jusqu’au bout des choses malgré les bâtons dans les roues donnés par Felix. Le rôle de Dean, joué par Marlon Wayans, est assez mis en retrait bien qu’il reste l’un des éléments centraux du film, mais laisse un peu sur sa faim et montre finalement que le film a quelques lacunes. Néanmoins, l’atmosphère tendue voire gênante, créée notamment par les collègues de Dean, fait douter sur la fidélité de Dean.
Accompagné d’une musique maîtrisée et composée par le groupe rock français Phoenix (dans lequel le chanteur Thomas Mars est le mari de Sofia Coppola), le film transporte le spectateur dans un New-York vivant, magnifique à voir de nuit, visuellement c’est dans la veine de Lost in Translation, c’est-à-dire beaucoup de travelling, beaucoup de séquences se passant la nuit, le jeu des reflets sur les vitres des voitures, de beaux panoramas… Sofia Coppola fait sublimer New-York à travers la musique et les plans à l’instar de Tokyo dans Lost in Translation. Mention spéciale pour la séquence de nuit à New-York dans une Alfa Romeo décapotable des années 50 pour sublimer le tout.
Cela dit, pendant une grande partie du film, l’impression de déjà-vu est présente en montrant la routine de Laura qui est limite du métro, boulot, dodo, des discussions entre mères qui sont toujours les mêmes. Mais aussi avec Dean et ses voyages d’affaires limite interminables. Un défaut de montage. Le scénario reste classique et la fin est plus ou moins expéditive, classique dans ce genre de comédie. Malgré ses lacunes, On The Rocks reste un petit plaisir coupable de l’année 2020 en termes de films, Sofia Coppola est dans la continuité de ce qu’elle fait depuis le début (si on ne compte pas l’accident The Bling Ring). Un film qui vaut nettement le coup d’œil.
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