top of page
  • Photo du rédacteurSuzanne

A'mort

De nos jours tout se paye.

Je m’appelle Lamer et j’ai aimé sans avancer de monnaie, la finalité c’est qu’en remboursement du marchand, mon cœur m’a été arraché. Maintenant, je ne suis qu’un cadavre de glace gisant au centre de la place, la peau piétinée sans pitié. On me crache que je l’ai mérité, que j’aurais dû plus me méfier de sa beauté. Mais tout ce qu’elle voulait, c’était m’aimer. Tout ce que j’avais fait, c’était l’oublier.


L’amour c’est comme les échecs ; deux rois, le premier qui meurt a perdu.

Je suis Louis XVI, elle fut ma guillotine : ce n’est pas contre elle que je jouais, mais c’est elle qui m’a achevé.


A de multiples reprises, Maure s’était retrouvée à barricader mon trajet, me ramenant à une époque surannée lorsque nous dansions encore, corps contre corps sans trop se méfier de la mort. Flirter, badiner, jeux d’enfants trop grands pour cacher quelques sentiments naissants. J’étais marié, elle était incriminée : j’aurais dû l’arrêter mais j’ai fait preuve de lâcheté. Détective coupable d’aimer, j’étais déjà condamné.


Mon amour a débuté là où le sien s’est arrêté. J’aurais dû m’en douter, mais je préférais tout nier. J’avais tout fait afin de la faire arrêter pour le crime dont elle était accusée, sans jamais le justifier. Au fond, je voulais juste l’éloigner. Le juge avait été payé pour qu’elle soit embarquée. Tout le procès avait été trafiqué pour l’emprisonner. Ma femme ne devait jamais se douter que je l’avais trompé sinon elle aussi disparaitrait.


Je pensais avoir gagné une fois le procès sans preuves remporté, mais sans Elle je n’étais plus qu’amer. Alors je déménageais en bord de mer pour me soigner tandis que dans mon couple se dessinaient quelques projets, dont devenir père et mère en était. Mais Maure était toujours celle que je voulais.


Aujourd’hui, le temps est passé comme je le voulais.


Aujourd’hui je suis ruiné d’avoir trop aimé.


36 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout

No et lui

Un peu plus de quatre-vingts années qu’il respirait, à peine moins que je me le coltinais à longueur de journée ; les décennies s’étaient écoulées bien plus rapidement que je ne l’aurais souhaité. La

Travailler sur son trauma.

Pendant longtemps je suis restée traumatisée par le souvenir d’un pantalon baissé pendant la cour de récré. Pensées un peu trop obsédées d’un gamin du même quartier, la mémoire m’a tenue éveillée jusq

Le petit rôle

Le sourire pincé et l’air guindé je me complaisais dans une existence végétative qui avait le luxe de m’épargner l’embarras des besoins. Ravie d’être sous les projecteurs, à cette époque, je n’avais p

bottom of page