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Photo du rédacteurSuzanne

Appel à la mer.

Dernière mise à jour : 11 déc. 2022

En novembre dernier, l’hiver n’était pas encore arrivé et pourtant, le vent m’arrachait un frisson entre deux, trois sons de violon. Il n’était pas encore arrivé et pourtant, l’automne glissait de sa langueur monotone ; saison accomplie, on signe peut – être la fin du déni. Je me souviens que ce jour – là, l’encre brûlait mes doigts, qu’elle s’écoulait en paix, recouvrait mes quelques plaies – artificielles – dont les seules fautives furent mes pensées maladives. Ces pensées mal - mâchées et difficiles à digérer se sclérosaient dans mon esprit tandis que le ciel devenait rose, quoi qu’un peu gris – sans doute à cause de la pluie. Et pendant que mon âme ne cessait de tout renier, leur reflet organique observait avec tendresse la raison de mon ivresse ; la mère oubliée, la mer blessée. On pourrait presque inverser les sujets. J'aurais pu m'y attarder mais les étoiles se mirent à pleurer, terribles larmes salées ; terribles comme moi, grande enfant aux longues dents. Pendant un instant, je me disais que j’aurais mieux aimé danser là où les perles tombaient ; ici je suis au sec, je tâche de ne pas me prendre le bec. De l’autre côté de mes extrémités, caressant mes pieds (sans doute pour mieux me réconforter), s’écoulait l’écume de mon amertume. La mer, tu me tues, pensais – je. Toujours cette folle mélancolie qui m’envahit quand je te vois, toi. Finalement nous sommes copains comme cotons, et non pas comme cochons. C’est certain que je suis bien mieux ici, en sa compagnie, que dans ces transports qui transpirent le porc. Bien mieux ici que dans cette vile ville.




Soudain la peau gratte, encore et encore, donc je me gratte. Suite logique quoique ingrate, elle laisse sur ma peau ses stigmates. Pensant à une hallucination ou en pleine hésitation d’abandon, Mer tentait encore de me bercer pour me calmer en essayant de ne pas me regarder. Instant de terreur ; serais – je la source de sa douleur ? doit – elle se demander, quelque part au fond de ses pensées isolées. Non maman, c’est moi, juste moi, pas toi. Enfin, peut – être un peu toi, mais tu ne le voulais pas. N’est – ce pas ? Plutôt que de me griffer, je cherchais encore à trouver à m’ancrer dans une réalité qui me rejetait. Je ne sais pas si vous connaissez, mais c’est l’époque de la réalisation de mes déréalisations (et compagnie), autrement dit plus d’autre envie que le déni. À défaut de m’ancrer dans la réalité, ne devrais – je pas m’encrer ma réalité ?




- Maman, j’ai la peau pleine de maux mais je crois que je l’aimerais mieux pleine de mots. L’écriture c’est purgatoire, ça me tire du noir... Tu penses que ça pourrait m’aider ? Tu sais … Se faire tatouer ses pensées.




Je ne parlais pas à moi mais à toi. Toi grâce à qui je ne suis ni seule, ni veule. Deux êtres au cœur malheureux ; ma mère et moi, sur fond de mer. Depuis, j’ai eu le temps d’y réfléchir pour mieux me dire que cet aveu non avenu n'était finalement pas si incongru… Rappel de l’amertume sur mes joues désormais blanches écumes des suites d’une crise de panique me donnant l’air d’une hystérique. Je n’arrivais plus à respirer, impossible de souffler. Envie de vomir, écho à la déchéance du martyr – envie de partir. Puis le teint menthe, cage thoracique battante (à moins que je ne vous mente), je me livre à la livraison de mon dernier repas auprès de mon père la terre. La terre n’est pas la mère, le ciel n’est pas mon paternel ; Gaïa et Ouranos ne sont qu’un mythe, le mirage de mon naufrage. Escalade de sentiments mais surtout à temps partiel, mes jambes prennent une teinte arc - en - ciel ; Dieu ce que je les aime. Qui ça ? Toi, moi ? Ou bien cette seule partie de moi ? Je ne sais pas. Suis-je même quelqu'un ? Triste moment d'introspection durant lequel je me trouve un peu con.




- Maman, je crois que je suis malade. Pause. Je ne suis pas heureuse, je ne sais pas pourquoi mais je sais que je ne le suis pas. Mais je veux vivre, je crois.




Une révélation amère sur le bord de mer.

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1 comentario


Cécile Rj
Cécile Rj
11 dic 2022

👏👏👏

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