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Croque mitaine

Aujourd’hui je mets l’imperméable neuf que j’ai demandé à maman de m’acheter. Il est en caoutchouc jaune assorti à mes bottes. Elle m’emmène faire la cueillette ! Je cours dehors. Le soleil pointe timidement le bout de ses rayons tandis que les gouttes ruissellent encore sur les feuilles. Le pétrichor qui émane de la terre mouillée emplit mes narines. J’aime les promenades en forêt après la pluie. Les arbres sont comme parés de mille diamants dans lesquels l’astre du jour se reflète. Maman est un peu loin derrière, alors pour l’attendre je m’accroupis et observe un papillon qui sort de son cocon. Elle me rejoint et je lui fais signe de rester près de moi. Nous avançons petit à petit vers le coin le plus sombre du bois. J’aperçois enfin une forme dans les fourrés. C’est un enfant adossé à un arbre. Il paraitrait dormir si son visage n’était pas couvert de taches sanglantes et qu’une myriade d’insectes ne s’échappaient pas en flots de ses viscères humides. Maman s’approche de moi en tremblant et lâche avec une expression de dégoût : « Voilà ton repas, comme tu l’as ordonné. »


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