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Intrusion

Les lumières du lieu s’échappent sur le trottoir par la porte entrebâillée. Tenue de soirée et couches de maquillage. Débordées par nos vies, notre bar habituel nous permet de nous retrouver.

Un pincement. Je comprends tout de suite. Une substance vient d’entrer sous ma peau. Je me précipite dans les toilettes. Je tremble. Un point rouge est visible sur mon bras. Je commence à respirer très fort, je cherche mon air, j’étouffe. Mes amies m’évacuent. Le temps se délite. Les secours arrivent et je suis transportée à l’hôpital.

La nuit est sans fin. Je vomis, j’ai chaud, j’ai la tête qui tourne, je pleure. Le lendemain, je suis épuisée, mais il faut aller porter plainte. On nous reçoit. L’agent m’interroge, on lui montre des photos de la soirée. Il paraît sceptique. Et puis il pose cette question. La question qu’on ne veut pas entendre : « Vous étiez habillé comme ça ? » Et je comprends. Je comprends qu’il ne se passera rien.


Je me sens soudain chanceuse. Qu’aurait-il demandé, si mon agresseur était allé jusqu’au bout ?


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