Nous passions notre vie à nous affronter, Nael et moi.
Dès la primaire, on se lançait des défis pour voir qui courait le plus vite. Ça avait continué au collège pour savoir qui aurait les meilleures notes. Puis au lycée, celui qui gagnerait le cœur de la plus belle fille. Pour arriver à l’école supérieure avec celui qui finirait premier de la promotion. La chance faisait que nous étions toujours dans les mêmes classes, la malchance faisait que je perdais toujours.
Ce que je pensais être l’apogée de notre affrontement se déroula lors d’un concours d’éloquence. Nous avions, chacun de notre côté, travaillé pendant des semaines entières pour ce moment. Les deux finalistes, les rivaux de toujours. Il s’est lancé, fier et sûr de lui. Je l’admirais pour sa prestance et son charisme. Ensuite, ce fut mon tour. J’étais confiant, je ne pouvais pas perdre, pas après tout cet entrainement, toutes ces années à finir deuxième. Le jury rendit son verdict. J’avais échoué.
Encore.
Je ne pouvais pas le supporter. Je quittais l’école le lendemain et poursuivis mon chemin ailleurs, loin de cette rivalité qui me dévorait. Pourtant, vingt ans plus tard, nous étions de nouveau face à face. Nos carrières parallèles nous avaient menés à ce point d’orgue. La consécration du véritable gagnant. Rien ne pourrait surpasser cela.
Entouré de tous mes partisans, rivés devant l’écran, le président du Conseil constitutionnel annonça le résultat des votes : …est élu président de la République à cinquante et un pour cent des voix, Nael Monarc !
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