« C’est une fille, ou un garçon ? » est une question encore bien courante. Quand j’étais petite, mon grand-père m’avait confié ceci : « On reconnaît les filles à leurs jupes et à leurs cheveux soignés, ainsi qu’à leurs escarpins. » Je vous l’accorde, sa vision était un peu vieillotte, même à l’époque. Mais si mon grand-père avait appris à reconnaître les filles de cette façon, j’avais appris à repérer les gymnastes à leur justaucorps. À paillettes, unis, à motifs, colorés, assortis, ils étreignaient leur corps galbé et gracieux, aussi souple que robuste, aussi puissant que délicat. Cette dualité produit aujourd’hui chez moi le même enchantement ; une fierté enfle dans ma poitrine lorsque j’enfile ma tenue. Ces membres nus, ténus et élégants sont à présent les miens. C’est ce que je me répète encore lorsque je finis de serrer mon chignon en face du miroir. Les autres m’attendent à l’extérieur, déjà prêtes. J’entre dans la lumière qui s’échappe du bâtiment tandis que le groupe se met en marche pour entrer en scène. J’éloigne la pensée que c’est ma prise quotidienne d’œstrogène qui m’a permis de l’intégrer en premier lieu.
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