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Photo du rédacteurOphéline

ma première fois

Il paraît que les premières fois ne sont jamais bien, voire, à oublier. Certains sont plus veinards et arrivent à marquer les esprits à leur façon. Ça n’a jamais été mon cas.

Aujourd’hui, c’est la première fois que je fais un discours devant un public. Je me suis présenté aux élections de délégués. Me demandez pas pourquoi, je sais pas ce qui m’a pris. Mais, nous y voilà. J’attends mon tour dans les coulisses comme un acteur qui attend sa réplique. Mon concurrent est sur scène. Il met le feu, on va pas se mentir. C’est le genre de personne qui réussit tout. Déjà en primaire, il m’énervait. Il faisait les meilleurs dessins en petite, moyenne et grande sections. Il a même eu droit à une pastille dorée spéciale, rien que pour lui ! Si c’est pas exagéré pour le dessin d’un requin ! Je suis sûr qu’il faisait la sieste mieux que tout le monde aussi. Ce gars, les galères, il connaît pas. Moi, c’est toute ma vie. Ce discours, là, c’est une promenade pour lui, j’entends même les gens rire et l’applaudir ! Alors que moi, si j’arrive à faire une phrase entière sans bégayer et perdre mon souffle, ce sera une victoire. Je vais être franc, si je l’aime pas, c’est parce que je suis un peu jaloux. Mais juste un peu. En même temps, on a tous envie d’être le meilleur d’un autre, c’est sans doute pour ça que je me suis présenté aux élections, pour être le meilleur pour une fois. Dommage qu’il soit encore là lui. Après, mon discours est bien rodé et fait rêver. Faut juste que je foire pas dès le début, et ça devrait passer.

- « Et maintenant je vous demande d’accueillir Daniel Lewis ! »

Ah, on m’appelle ! Je reviens, je vais mettre le feu.

- « Bonjour. Je m’appelle 17 ans et j’ai Daniel. »

Et merde.


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