Au beau milieu de la ville, il se promène. Semblable à n’importe quelle ville de France, la mentalité de cette société devient insupportable pour lui, au point de le rendre malade physiquement. Recourbé sur lui-même, il avance les cheveux au vent, dans un but bien précis. Ce but ? Je ne le connais pas. Il ne parle pas beaucoup aux gens qui l’entourent. Et quand je dis qu’il ne leur parle pas beaucoup, je veux dire qu’il évite même de les croiser quand il peut, quitte à prendre la mauvaise direction ou à rester caché pendant des heures afin d’éviter d’échanger des banalités.
Au départ, il a essayé de se comporter comme tout le monde, de se fondre dans la masse. Il participait à la vie sociétale, sortait le soir avec quelques collègues de travail, et avait même des rendez-vous galants. Mais cette vie n’était pas la sienne. C’était la leur. Il comprend que jamais, ô grand jamais, il ne s’accommoderait à ce fonctionnement.
Les autres le prenaient pour un fou, se demandant s’il ne se sentait pas seul. Effectivement, il se sentait seul. Seul à être comme cela, à ne trouver personne qui le comprenne. Mais n’est-ce pas son but également ? Rester seul ? Je pense que même lui ne le sait pas. Il aime à penser que quelque part dans ce monde, une personne similaire à lui, une âme sœur, se sentait désemparée, étouffée par la vie, voulant juste être invisible, voire disparaître.
Disparaître. Un jour, cela arrivera, et une part de lui ne pouvait attendre ce grand moment. Personne ne le regrettera, il le sait, et il n’en a que faire. Ses amis, tous plus hypocrites les uns que les autres, l’ont abandonné à ce jour, et sa famille, si tant est qu’on puisse appeler cela une famille, ne l’a pas contacté depuis des années. Il se demande même s’ils se souviennent de son existence. Et pour être franc, il ne se souvient pas vraiment d’eux, à peine de leurs noms.
Invisible corps aux yeux de tous, son âme erre pour qu’on vienne à sa rescousse. Il n’est plus personne pour les autres, et les autres ne sont personne pour lui.
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