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Photo du rédacteurOphéline

Le gardien

J’étais dehors. Il me l’était interdit. Je vivais dans une institution gardée de tous les regards au milieu de la forêt. Seule une personne connaissant les secrets de sa présence ici pouvait trouver son chemin. Mais ceux à l’intérieur ne devaient sous aucun prétexte se mêler au monde extérieur. J’en avais pris le risque. Ma curiosité avait été plus forte que ma raison. En une journée, je pensais avoir le temps d’en voir l’essentiel. J’avais tort et, maintenant, je devais rentrer, sous peine de découvrir le châtiment du Sphinx.

Personne ne savait en quoi consistait ce châtiment, nous savions juste que les personnes qui en avaient été victimes n’avaient plus été les mêmes. Elles étaient devenues des corps errants d’où leurs âmes avaient été arrachées sans la moindre précaution. Je ne voulais pas subir le même sort, mais mon obstination avait eu raison de moi.

Je devrais m’enfuir, partir pour une nouvelle vie afin d’éviter son énigmatique punition, mais, comme je l’ai dit, ma curiosité était plus forte que ma raison. Et puis, je n’avais nulle part où aller. Peut-être que si j’arrivais à me faufiler discrètement, le Sphinx n’en saurait rien. Je n’avais rien à perdre à essayer.

J’arrivais. Le bâtiment se dessinait dans la nuit, la lune resplendissait sur les alentours. Une boule se forma dans mon estomac. J’aurais dû fuir. Je pouvais sentir la peur envahir mes entrailles. Mais mon cerveau me conduisit au niveau de la fenêtre de derrière. Elle était ouverte. Peut-être que tout irait bien. Mais j’avais un mauvais pressentiment.

Je me glissai par l’ouverture et rejoignis aussi vite que possible ma chambre. Personne ne m’avait vu. Enfin, ‘je n’avais croisé personne’ sonnait plus juste. J’avançai dans l’obscurité de mon lieu de vie et expirai longuement. Mon corps se relâcha, et la boule dans mon estomac disparut. J’ouvris les rideaux pour laisser la lumière de la lune envahir la pièce. J’étais en sécurité, plus rien ne pouvait m’arriver.

Cependant, au moment où je me pensais hors de danger, la porte de ma chambre claqua et une voix grave me demanda où j’étais. Mon cœur s’arrêta et mon sang se glaça. Sa voix traversa ma colonne vertébrale telle une flèche lancée par un arc. Je n’avais pas besoin de me retourner pour savoir qui c’était. Il était là. Il m’attendait. Semblable à un chasseur face à sa proie.

Son ombre dévora la pièce à mesure qu’il avançait dans la lumière. Il déploya ses ailes et me força à me retourner. Seule sa silhouette était perceptible, ainsi que ses yeux rouges qui transpercèrent mon âme. Il me rappela que les personnes comme moi ne devaient pas aller dehors, que c’était dangereux, et qu’il devait me punir pour ça. La punition inconnue. La fameuse énigme. J’allais enfin la résoudre.

Mais à quel prix ?

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