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Photo du rédacteurCapucine

le manteau rouge

Quand j’étais petite, j’avais un manteau rouge. Un très joli manteau rouge en imitation fourrure avec une capuche et des poches, je l’aimais énormément, je le portais tous les jours, même quand il faisait un peu trop chaud pour, ou un peu trop froid. C’était mon vêtement préféré. J’étais en surpoids de dix kilos. On me surnommait « le mammouth ». Rapidement, j’ai arrêté de le porter. J’ai pris cinq kilos.

Au milieu de mon adolescence, j’ai commencé à faire des régimes, du sport, un suivi diététique. Je suis devenue mince comme les filles des publicités. Je me suis trouvé un nouveau manteau rouge, pas tout à fait le même que celui de mon enfance, mais quelque chose de proche. On m’a dit que c’était affreux sur moi, que ça me grossissait, que la couleur était criarde, vulgaire, que ça me faisait un teint jaune, que je ressemblais à une fraise sur pattes. J’ai jeté le manteau le soir-même. J’ai pris vingt kilos en un mois et demi. Je ne pouvais plus me voir dans un miroir.

Et j’ai trouvé Christophe, psychologue. J’ai fait un an de thérapie à raison d’une séance tous les deux jours au début. Puis j’ai rencontré Camille, agent de mode, qui est devenue ma meilleure amie. Aujourd’hui, j’ai quinze kilos de surpoids. Je suis une mannequin grande que des marques de luxe payent des fortunes pour porter des manteaux de fourrure rouge. Je suis arrivée à m’aimer comme je suis. Alors, à tous les rageux qui ne supportent pas de voir réussir « une grosse », vous avez des bisous du Mammouth.


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