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Le pris de l’amour

Le jour de mes dix-huit ans je me suis lancé, j'ai annoncé à mes parents que j'étais gay. Ce jour-là, j'ai compris que ça n'arrivait pas qu'aux autres, qu'on était les autres, et qu'un toit est aux hommes ce qu'un ciel est aux étoiles. Mais je ne suis pas une étoile, et d’après eux, encore moins un homme.

Je me suis donc adapté. J’ai gratté, volé, menti, écarté, mordu, griffé, frappé, hurlé, saigné et cessé d’espérer. Je me suis relevé, parfois, mais à croire que le monde ne sait quoi faire de moi, je suis retombé plus bas. J'ai quitté les foyers, les petits boulots sous-payés, rejoint à nouveau la rue, fréquenté les infréquentables et fait ce que j'avais juré ne plus faire. J'ai appris à comprendre ce que les gens dissimulaient derrière leur masque de société, ce que leur corps désirait secrètement, et j'ai appris à survivre en le leur donnant. Puis, il y a eu celui que j'ai eu envie de suivre, qui me nourrit, qui me loge, qui me lave, qui me bat, qui me prend, qui m'aime. À voir ma gueule, je me demande ce qu'être aimé moins fort ferait. Je suis déjà parti, je suis revenu, parce qu'après tout, il faut bien se nourrir.


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