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Photo du rédacteurSuzanne

Les sirènes

Volute de fumée qui s’élance dans une dernière danse. Manque de sérotonine compensée par un trop – plein de nicotine, je contemple le mégot qui, bientôt, viendra brûler ma peau. Le jeu est de savoir quand jeter la clope trop entamée pour éviter d’avoir le bout des doigts enflammés. Connerie de fin de sauterie sur laquelle repose mon adrénaline, rare piqûre de dopamine depuis que tu m’as arraché ma félicité.


Nuits fauves, vie sauve.

De toi, il ne me reste plus rien.


Alors, mes yeux s’attardent sur le contrebas. Courbes plastifiées, vêtements rafistolés et souffles saccadés, se dégagent d’une entrée. Dans l’air glacé hommes et femmes font la queue, l’amour dans les yeux. Jamais je ne m’étais trop attardé sur cette baie vitrée, trop occupé à écumer les cafés en journée puis à décuver une fois la nuit tombée.

Entre les perruques mal-ajustées, une figure se détachait. Dans l’ombre, en retrait, son brun tranchait avec les blonds oxygénés de ses camarades. Visage juvénile et sac en crocodile, on pouvait discerner sa beauté sagement cachée par une peau grossièrement maquillée. Chewing-gum prémâché, je lui donnais un goût de déjà-vu avant même de ne l’avoir gouté – car oui, je le ferais. Son regard isolé badinait avec la foule avant de ne se relever, comme attirés par ma fumée. Fou d’imaginer que nos regards se sont croisés. Son chant, m’attirait, je voulais t’oublier autant que je voulais te retrouver. Les mêmes traits, la même couleur illusoire du noir, un regard insolent et racoleur. Rouge aux joues, je me remettais debout, tentais le tout pour le tout et courrais lui donner mes quelques sous.


En elle, il y avait toi.


Pour clôturer cette histoire illusoire, nous n’avons rien fait. J’ai pleuré, elle m’a écouté, je l’ai payé, elle a déménagé.


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