J’attends. Oui, j’attends. Je ne suis pas la seule, mais les autres, elles font bien pareil. Alors j’attends, enfin nous attendons. Si seulement je pouvais faire autre chose, mais on ne m’a pas laissé le choix, on m’a fait comme ça.
Je devrais avoir froid vu comment je suis habillée et étant donné le vent glacé, mais non, rien. Mes membres se sont engourdis à rester sans mouvement. En fait non, je ne les sens même pas, et le pire c’est que je ne me rappelle plus depuis quand. J’ai la rigidité d’un cadavre.
Il y a les autres, ces filles avec lesquelles j’aimerais parler, mais non, impossible de tourner la tête, d’entreprendre le moindre geste. Je dois rester là, sans bouger, comme une jolie petite poupée. J’attends. Je fixe cette lumière, cruelle pour mes yeux à force de la regarder, d’espérer qu’elle vienne à moi. Je voudrais qu’on me délivre de cette passivité, de cette immobilité, de cette cage peinturlurée. Je voudrais qu’il brûle ce fichu tableau dans lequel on m’a posée, que je parte en fumée avec lui, que les cendres soient ma liberté ! Mais non, je suis enfermée dans ce corps avec un esprit qui n’a de cesse de tourner, de se torturer, de s’automutiler. Que quelqu’un vienne abréger mes souffrances. Pitié. Je veux juste disparaître, retourner au néant, peut-être renaître sous de nouveaux traits, que le créateur m’accorde une seconde chance, je crois bien la mériter. Sinon, que je disparaisse à jamais.
Je sais que ça ne devrait plus tarder, mais deux ans c’est encore trop long, bien trop quand une minute parait une éternité.
Laisse-moi m’en aller, maintenant, dans l’instant.
Que je suis bête, comme si prier ma maladie allait m’aider. Quelle égoïste elle fait, à tout m’enlever.
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