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  • Photo du rédacteurLouise

Duchesse Etienna

Dernière mise à jour : 5 déc. 2022

J’attendais que la pluie s’arrête. Je venais d’être prise de court par une averse. C’est ainsi que je me suis retrouvée dans ce lieu pittoresque, à essayer de me réchauffer à la lueur d’une lampe opaline posée sur une table grasse. Cette table venait d’être re-vernie, sans doute pour combler les marques dans le bois laissées par les clients passés.


De jour comme de nuit, des dizaines d’individus s’entassaient sur les banquettes en bois de ce vieux bar.


L’établissement était construit sur deux étages tout en longueur. Le sol était fait d’un parquet épais aux finitions hésitantes.


Au rez-de-chaussée se trouvait un bar recouvert d’une plaque en verre qui elle-même couvrait une nappe vert sapin. Les lampes répandaient une lumière vive, dont les reflets, sur la surface du verre, éblouissaient les visages alentour.


Derrière le barman se trouvaient des rayonnages en bois sombre qui couvraient la moitié du mur principal. Sur les étagères, des verres serpentiformes et des liqueurs de toutes les couleurs.

Un cadre discret avec une armature dorée trônait au centre. À l’intérieur se trouvait la photographie d’un beau jeune homme. Sur ma droite, un vieillard lui ressemblait étrangement.


Le premier étage ressemblait à un petit foyer. Nous y trouvions des banquettes et la lumière douce d’une lampe à l’armature saumon qui projetait de jolies ombres au plafond. Le dernier étage concentrait deux toilettes très étroites. Elles obligeaient quiconque à les bénir du bout du nez pour s’y asseoir. Un miroir au tain abîmé ainsi que deux serviettes élimées les accompagnaient fièrement. Un sèche-main non-fonctionnel les honorait de sa présence. Au bout de la pièce se trouvait une fenêtre simple vitrage qui sans prétention était recouverte de fientes de pigeon.


Au rez-de-chaussée tout en buvant mon café servi dans un verre à eau, je passais au peigne fin les détails alentour. Des choses traînaient un peu partout.

Des journaux déchirés. D’étranges objets en fer. Une collection de tire-bouchons.

Des visages en tout genre. Parfois espiègles, surtout absents.

Les clients gardaient leur manteau et donnaient l’impression d’un départ qui n’arrivait pourtant jamais.


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