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  • Photo du rédacteurLaurine

Observation 1

Les cloches de la cathédrale viennent de sonner. Il est onze heures. Une mélodie se fraie un chemin à travers les klaxons et les bruits d’urbanité. Elle semble venir du marché en contrebas, dans le centre-ville. La mélodie est douce et elle cadre parfaitement avec le calme de cette fin de matinée. Les oiseaux chantent aussi au loin et sur les toits alentour. Un coup de sifflet, un bruit de remorque, toujours la douce mélodie. De la guitare ou peut-être de la lyre, c’est beau, c’est apaisant. Les voitures passent le long du marché, sur la droite, le reste de la route est bloqué par les étales et camionnettes des commerçants. D’autres oiseaux se joignent aux premiers, je ne me risque pas à essayer de retrouver leur nom, j’écoute juste toutes ces mélodies qui s’entremêlent. Des gens chantent, d’autres les rejoignent, je ne comprends pas ce qu’ils disent mais ils s’enthousiasment. Je les vois, ils chantent en se donnant la main en cercle et en tournant comme lors d’un jeu d’enfants. Ils ne sont qu’une petite dizaine mais leurs voix montent jusqu’à moi, je crois qu’ils chantent les louanges du rossignol. Ils applaudissent, ils s’applaudissent. Les cloches de la cathédrale sonnent. Il est onze heures et quart. Il fait plus clair désormais. Une troisième espèce d’oiseaux vient se rajouter. La mélodie d’en bas a quant à elle cessé. La ville est calme ; du moins, autant qu’une petite ville puisse l’être et autant qu’il m’est donné de le voir depuis mes hauteurs. Hormis le marché, les oiseaux et les quelques voitures, tout semble encore endormi. « Ça sent le mazout » dit une voix d’homme juste en dessous de moi, il se plaint et un utilitaire se gare à côté de lui. Encore un coup de sifflet, il provient de l’autre côté du marché. Quelqu’un vient de faire bouger une plaque d’égout. Encore un coup de sifflet, ils sont de plus en plus fréquents. Une autre remorque passe. Un autre groupe d’oiseaux chante. Le paysage est vallonné, la végétation trônerait presque en maître, le ciel s’est éclairci. Il va sans doute faire beau aujourd’hui aussi. Une grue de chantier FERNANDES se dresse aux abords du marché, son jaune métallique tranche froidement une partie du paysage. Tout est plutôt calme, les écoles et les habitations, le Tendance Glam’ et le Caveau. Les cloches de la cathédrale sonnent. Il est onze heures et demie. Des cris et paroles d’enfants s’élèvent, leurs voix sont plus fluettes et leurs propos plus inintelligibles, des « Nananananères » lancés dans l’air. Je ne les vois pas, ils doivent être cachés par les toits et les arbres. « Attention, les voitures. Allez les filles… » je ne comprends pas la suite mais c’est une adulte, peut-être leur mère qui les avertit. Le marché prend tout un pan des quais mais il n'est pas très fréquenté. En bas de mon lieu d’observation ça parle bouteille de cidre, une fête se prépare peut-être, ils sont plusieurs à s’activer.

Je n’attendrai pas que les cloches sonnent midi.


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