Le bâtiment est âgé. Les murs, épais, sont les mêmes à l’intérieur et à l’extérieur : de grosses pierres grises, signe du temps. Le reste est peint en vert pomme et sapin. De grandes fenêtres aux contours noirs, sur les deux murs donnant sur la rue, permettent de voir et d’être vu. La journée est chaude, mais le temps est gris. C’est l’automne. La place passante connait une vive activité. J’insère mes pièces dans une boite carrée et blanche, je clique sur le numéro correspondant et le programme commence. À l’intérieur, les machines à laver chauffent rapidement la pièce. Elles sont neuf en tout : trois petites de six kilos, trois moyennes de huit kilos, une intermédiaire de treize kilos et deux grosses de dix-huit kilos. Toutes gris et bleu. Le mur derrière elles est un pan en bois composite sur lequel est punaisé le mode d’emploi, écriture blanche sur fond bleu. Elles sont illustrées par un lever de soleil derrière des collines bleu foncé, des bulles et les signes nécessaires au bon emploi. Sur l’une d’elles, une femme blanche, aux longs cheveux marron, habillée en blanc, est assise en tailleur avec un air serein. Il est indiqué en rouge et en lettres capitales : « LA DIRECTION N’EST PAS RESPONSABLE » avec la liste des interdictions et autres règles d’usages. Une horloge grise à chiffres trône au milieu de toutes ces informations, emplissant la pièce de son trottement. Ce tic-tac est rapidement remplacé par les bruits répétitifs du programme de lavage. À l’extrémité des machines se trouve une porte blanche, sans poignée, mais fermée à clé. Une autre affiche, toujours une écriture blanche sur fond bleu, illustrée par l’un des modèles de machine à laver, rappelle que la marque « respecte l’environnement autant que votre linge ». Le mur perpendiculaire contient une série de quatre petites affiches rappelant de ne pas laisser son enfant sans surveillance, le numéro d’urgence, et comment fonctionne un extincteur, celui-ci étant positionné juste en dessous. Celles-ci sont suivies de trois sèche-linges de grande taille. Le bip de la machine retentit. Je remets des pièces dans la boite blanche. Au bout de la rangée de sèche-linge se trouvent un petit couloir et une autre porte. Celle-ci est du même vert que les murs : pomme. Comme l’autre, elle n’a pas de poignée et est fermée à clé. Face aux machines sont installées deux grandes tables en bois entourées de quatre chaises. Un petit insecte rouge se promène sur l’une d’elles. Il fait chaud. Le bip du sèche-linge indique la fin du programme.
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