top of page
  • Photo du rédacteurSuzanne

Parfaite image

Qu’elle est sage pour une enfant de son âge ! Qu’elle est jolie lorsqu’elle sourit ! Qu’elle est intelligente et indépendante ! Quelle imagination derrière ce visage tout mignon ! Quelle passion pour la rédaction ! Quelle facilité innée pour raconter ! Qu’elle est positive, encore plus lorsqu’elle se cultive ! Qu’elle est curieuse, j’en serais presque envieuse ! Quelle mémoire, ah ça je ne me risquerai jamais à lui raconter mes déboires ! Quel talent pour la lecture, ne connaît-elle jamais l’usure ? Qu’elle est discrète, on pourrait la croire muette ! Quelle souplesse, quelle adresse !


Que de dons en un petit corps brouillon. Plus brillante qu’une étoile filante, ta fille ne manque de rien ; elle ira loin.

Intelligente, souriante, indépendante, sportive, admirative, enthousiaste, discrète, passionnée, cultivée, mature, jolie, curieuse, autonome, sociable…



L’image parfaite. Pourquoi ?

Solitude écrasée par la volonté de ces adultes aux belles pensées, la gamine est naturellement douée mais jamais on ne s’est demandé pourquoi elle n’avait plus de voix. Pourquoi, paradoxalement, elle parlait et riait trop fort en dehors. Pourquoi elle passait ses journées à s’enfermer dans un monde de fiction. Pourquoi elle usait de son imagination pour se créer une illusion. Pourquoi, toujours, elle s’efforçait de montrer à quel point elle savait. Pourquoi, jamais elle ne s’arrêtait de dévoiler son sourire. Pourquoi elle s’était enfoncée dans la timidité. Pourquoi elle savait se faire à manger, savait se débrouiller. Pourquoi, aussitôt la porte fermée et la majorité annoncée elle les avait oubliés.


22 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout

No et lui

Un peu plus de quatre-vingts années qu’il respirait, à peine moins que je me le coltinais à longueur de journée ; les décennies s’étaient écoulées bien plus rapidement que je ne l’aurais souhaité. La

Travailler sur son trauma.

Pendant longtemps je suis restée traumatisée par le souvenir d’un pantalon baissé pendant la cour de récré. Pensées un peu trop obsédées d’un gamin du même quartier, la mémoire m’a tenue éveillée jusq

Le petit rôle

Le sourire pincé et l’air guindé je me complaisais dans une existence végétative qui avait le luxe de m’épargner l’embarras des besoins. Ravie d’être sous les projecteurs, à cette époque, je n’avais p

bottom of page