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Quitte ou double

Sa bouche se crispe, s’ouvre, sa langue s’étire, ses yeux se plissent, son front se ride tour à tour avec moi. Il me nargue. J’ai pensé : me nargue-t-il ? Ou m’imite-t-il seulement ? Assis face à face, on se regarde en chiens de faïence. Je me penche. Il se penche. Droite. Droite. Gauche. Gauche. Sourire. Ses dents sont aussi déglinguées que les miennes. Je ne peux me soustraire à cet autre moi versé dans la projection de lumière du néon au plafond, peint dans les contours des ombres. Il me fixe, je le fixe. Personne ne gagnera ce duel, mais nous nous tenons compagnie. On m’avertit une dernière fois. Dix secondes de répit. Je regarde mon double délavé dans la vitre de la salle. Sans réfléchir, j’articule un « Ça va ? » muet. Mon reflet m’affirme: « Ça va ». Une main signe l’activation du courant dans les électrodes appliquées sur ma peau.

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