top of page
  • Photo du rédacteurNawar

Réécriture Le prix de l'amour de David Thomas

Il aime passionnément. À la folie. Beaucoup puis peu. Un jour, il désaime. Il hait. Une volonté de nuire naît. Les cris fusent. Un feu d’artifice de reproches. La détresse crée des étincelles. C’est la fin. Leurs regards se décroisent. L’intérêt disparaît. La flamme s’estompe. Vient alors l’indifférence. La distance s’étire. Les prénoms sont remplacés. Les humains déshumanisés. Des numéros accompagnent chaque mention du passé. C’est systématique. Plus qu’un chiffre, un réflexe. Alex devient un individu quelconque, l’ex. L’énième sur une longue liste. L’histoire perd de sa saveur. À ses yeux, elle n’a plus de valeur. Lorsqu’il réalise son insignifiance aux yeux de l’être qu’il aimait, Alex déclare forfait. Il est temps de se préserver. Si l’on est destiné à finir dans une statistique ; jouons donc avec les graphiques. Les émotions sont contrôlées, enchaînées. On se méfie de nos états d'âme. On ne tolère plus un seul écart. La réciprocité est de mise. L’intérêt de soi passe avant tout. On analyse avec minutie la personne convoitée. On estime les bénéfices, on évalue les risques. On fait la somme des éléments. On soustrait. Il faut réduire le coût. L’amour est désormais une transaction commerciale. Alex se dit qu’il vit avec son temps. Il pense que tout sentiment a un prix. L’amour est quantifiable. Avec de la discipline, il espère cerner cet art. Il espère trouver le secret d’une vie affective pérenne dans laquelle les chiffres n’ont pas leur place.

6 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout

Travailler sur son trauma.

Pendant longtemps je suis restée traumatisée par le souvenir d’un pantalon baissé pendant la cour de récré. Pensées un peu trop obsédées d’un gamin du même quartier, la mémoire m’a tenue éveillée jusq

Le petit rôle

Le sourire pincé et l’air guindé je me complaisais dans une existence végétative qui avait le luxe de m’épargner l’embarras des besoins. Ravie d’être sous les projecteurs, à cette époque, je n’avais p

ma première fois

Il paraît que les premières fois ne sont jamais bien, voire, à oublier. Certains sont plus veinards et arrivent à marquer les esprits à leur façon. Ça n’a jamais été mon cas. Aujourd’hui, c’est la pre

bottom of page