Sphinx

Mon esprit était embrumé par l’alcool.

A*** me regardait avec impatience du bas de l’escalier. Un soupçon de dégoût passa sur ses lèvres. Je attrapait en titubant la rampe pour ne pas tomber. Mes pieds trouvaient les marches avec lenteur. Le monde tournait si vite, toujours trop vite pour moi. Je courais après le monde.

Sans cesse.

Une sensation de vertige.

Je m’arrêtai un instant au milieu des escaliers pour reprendre mon souffle. Un soupir d’agacement emplit la pièce. Le bruit d’un talon qui frappe le sol avec fracas résonna dans mon crâne. A*** était en colère. Je n’avais pas écouté. Je n’en avais fait qu’à ma tête. Je voulais oublier. Juste pour un moment. Finalement, je n’avais pas oublié et maintenant je avais la nausée.

Je arrivais enfin au bas de l’escalier. A*** et moi marchions dans la rue. Je avais du mal à suivre le rythme. Mes pieds se dérobaient sous moi et à chaque pas je manquais de tomber. Mon cœur souffrait de voir A*** m’ignorer. C’était sa manière de réagir à mes conneries. Avancer droit devant, ne pas m’écouter, ne pas se retourner. Toujours plus vite. Et moi, je courais après A***.

A*** ouvrit la porte de notre petit appartement, retira ses chaussures et fila dans la salle de bain. Moi, je m’écroulai sur le matelas. La pièce tournoya encore et toujours dans une ronde sans fin. A*** revint, se glissa dans le lit et me tourna le dos. Je bouillonnai. Mon ventre aussi. Je me levai d’un bond et tirai les draps. A*** se retourna et me jeta un regard de mépris.

Ma bouche hurla. Je m’entendis à peine. Le flot des mots coulait en torrent violent.

La tempête dura un moment. A*** ne dit rien. Puis mon foie et mon estomac décidèrent de me rappeler leur présence et je dus cesser mon monologue pour courir aux toilettes.

A*** me rejoignit et caressa lentement mon dos.