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Photo du rédacteurBlandine

Sphinx

L’humanité ne change pas. Les êtres de l'Âge de Fer dont la vanité n’a d’égal que la stupidité, semblent s’éterniser dans ce monde. Le temps des héros et demi-dieux me semble si lointain. Je n’arrête pourtant jamais de poser mes énigmes à ces pseudo-savants, mais depuis Œdipe, peu peuvent répondre à mes questions. Je les tourmente et les obsède. Ils n’ont de cesse de revenir vers moi, de chercher encore et encore, sans jamais trouver. Je suis l’énigme. Je suis celui qui ne se repose jamais, qui se déplace de colline en colline, qui ne marche pas, qui ne court pas. Personne ne peut me deviner.

Je suis à la fois sphinx et juge. Je suis le gardien du savoir. L’Homme cherche sans cesse à m’apprivoiser, à me dompter, sans jamais chercher à me connaître, à m’apprendre. Un nouvel être vient à ma rencontre, une nouvelle énigme. Je viens la nuit sans avoir été appelé et je disparais le jour durant, sans avoir été volé. Une question simple, un échec mortel.

Je suis aussi vieux que le temps, le monde et moi sommes frères, j’ai vu passer des générations d’individus faits de chair et de sang sur cette terre et pourtant, je reste seul. J’aimerais me trouver un égal, mais ces êtres aux corps fragiles et à l’âme faible ne peuvent rivaliser avec un sphinx. Certains tentent de se cacher de moi, d’autres veulent me tromper, mais le temps vous fera tous me rencontrer. Une hésitation, une réponse erronée, la mort le prit.

Je voudrais les protéger parfois, les renvoyer vers la douceur de leur foyer, mais ils s’obstinent et s’entêtent, ils veulent m’affronter et je ne peux le leur refuser. Souvent je file, toujours je passe, personne ne peut m’arrêter, même les dieux s’y épuiseraient… Mauvaise réponse, nouvel échec, navré…

Je pose une dernière énigme à un être fait de chair, j’entends son cœur qui palpite, sa réponse sera son échec et cela m’attriste, je l’admets. Je suis plus grand que les dieux, pire que le Diable, les pauvres en ont et les riches en manquent, si tu te risques à m’avaler, tu mourras. Le couperet attend la réponse de ce pauvre ingénu venu se confronter au sphinx.

Je suis seul, je suis triste, je suis immortel. Je ne souhaite plus rien, je n’attends plus rien. L’humanité ne change pas. Je la contemple depuis la nuit des temps. Je pose des énigmes au néant, l’Homme ne veut plus y répondre. Je peux vous faire pleurer, je peux ramener les morts à la vie, je peux vous faire sourire et renverser le temps, je dure une vie et ne me forme qu’en un instant. Personne ne répond, c’est ainsi, le sphinx est tombé dans l’oubli.


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